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Passer du son à des alligators drogués a permis d'étudier l'ouïe des dinos

Grâce à une expérience basée sur 40 alligators pleins de kétamine, nous en savons un peu plus sur la manière dont les dinosaures localisaient l'origine des sons dans leur environnement.
Un bon pépère. Image: Shutterstock
Un bon pépère. Image: Shutterstock

Des scientifiques ont défoncé des alligators à la kétamine avant de leur faire passer de la musique avec des écouteurs pour mieux comprendre les capacités auditives des dinosaures.

L’expérience, décrite dans un papier publié lundi 18 mars dans The Journal of Neuroscience, a été pensée pour étudier les « cartes de neurones » — des zones du cerveau qui véhiculent les informations sur les ondes sonores — que les alligators génèrent pour localiser les sons dans leur habitats. Ces cartes, vitales pour de nombreux vertébrés, sont particulièrement développées chez les prédateurs nocturnes. Pour bon nombre d’entre eux, chasser dans le noir est en effet une question d’ouïe.

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Les chercheurs se sont concentré sur le concept de « différence temporelle interauriculaire » — un nom compliqué pour les quelques instants qui séparent l’arrivée d’un son dans chaque oreille. En dépit du fait que ce laps de temps dépasse rarement la poignée de microsecondes, il aide beaucoup certains animaux à détecter la source d’un son.

Catherine Carr, biologiste à l’université du Maryland, et Lutz Kettler, neuroscientifique à la Technische Universität München, étudient la différence temporelle interauriculaire chez les animaux — et particulièrement les oiseaux et les reptiles — depuis des années. Comme les oiseaux, les alligators et les dinosaures descendent tous des archosauriens, un « groupe-couronne » qui a régné sur le Trias, l’étude tente de comprendre l’ouïe des dinosaures en étudiant celle de leurs lointains cousins.

« Les oiseaux sont des dinosaures et les alligators sont leur plus proches cousins vivants » explique Carr dans un mail à Motherboard. « On peut raisonnablement estimer que les caractéristiques partagées par les deux groupes étaient présentes chez les dinosaures. Donc nous estimons que les dinosaures peuvent localiser le son. »

De précédentes études ont établi que l’évolution avait doté les oiseaux d’un processus neural de localisation du son différent de celui des autres mammifères. Dans cette étude, Carr et Kettler ont cherché à placer les alligators sur le spectre de la différence temporelle interauriculaire.

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Pour commencer, l’équipe a injecté un mélange de kétamine et de dexmédétomidine à 40 alligators du Rockefeller Wildlife Refuge de Louisiane. On ne s’approche pas de ce genre d’animal sans les endormir un peu. Les reptiles anesthésiés ont ensuite été équipés d’écouteurs Yuin PK2 modifiés. Alors, des électrodes placées sur leur tête ont permis d’enregistrer les réponses neuronales aux sons diffusés dans les écouteurs.

« Nous avons utilisés les deux tons que les alligators entendent bien (environ 200 à 2 000Hz) et du bruit », rapporte Carr. « Nous avons choisi ces sons pour qu’ils fournissent des stimuli naturels. »

L’expérience a révélé que le cerveau des alligators localisait les sons de la même façon que celui des oiseaux, et ce en dépit de leurs grandes différences anatomiques.

« Les alligators nous apprennent que la taille de la tête n’a pas d’influence sur la manière dont leur cerveau encode la direction du son », détaille Kettler dans un mail à Motherboard.

Cela signifie que des dinosaures aussi imposant que Tyrannosaurus rex utilisaient sans doute les même mécanismes auditifs que les oiseaux et les alligators pour localiser la source des sons. Dommage que les scientifiques ne puissent pas revenir dans le temps pour checker le cerveau des dinosaures directement.

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