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Crime

Burundi : terrifiés, des étudiants se sont réfugiés sur le parking de l'ambassade américaine

Depuis presque deux mois, des étudiants burundais s’étaient établis devant l’ambassade américaine dans la capitale Bujumbura. Ce vendredi, l'opposition a appelé au boycott des élections à venir.
Photo by AP

Ce vendredi, rapporte l'AFP, l'opposition a décidé de boycotter toutes les élections qui doivent avoir lieu au Burundi, à savoir les élections communales et législatives prévues le lundi 29 juin, et l'élection présidentielle prévue le 15 juillet.

« Toute l'opposition a décidé unanimement de boycotter les élections qui ont été préparées par la Céni [NDLR, la Commission électorale nationale indépendante, critiquée par l'opposition] », a déclaré Charles Nditije, l'un des opposants au Président Nkurunziza.

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Les élections présidentielles auraient dû avoir lieu ce vendredi 26 juin. Elles ont été décalées au 15 juillet, après des pressions de la communauté internationale et d'États d'Afrique de l'Est. Depuis le début des manifestations, fin avril, 77 personnes sont mortes dans des affrontements.

Alors que la crise politique se poursuit au Burundi, l'ambassade des États-Unis de ce pays de l'Est africain a été le refuge d'une centaine d'étudiants qui ont cherché asile sur le parking du bâtiment, après que la police les a délogés ce jeudi d'un terrain proche de l'ambassade.

Des étudiants burundais protestataires cherchent refuge en se glissant sous les grilles de l'ambassade américaine dans la capitale Bujumbura, le 25 juin dernier. (Photo : Associated Press)

Ce jeudi également, le deuxième Vice-président burundais Gervais Rufyikiri a déclaré avoir fui le pays et rejoint la Belgique car il craignait pour sa vie. Il est le plus haut responsable du Burundi à avoir exprimé une opposition à la décision de Pierre Nkurunziza de se porter candidat pour un troisième mandat présidentiel, que ses opposants considèrent comme inconstitutionnel à cause de la limitation à deux mandats en vigueur dans le pays. Les partisans du Président Nkrunziza estiment, eux, que son premier mandat présidentiel ne rentre pas en compte car il avait été élu par le Parlement, à l'issue d'une guerre civile longue de dix ans dans le pays.

Dans une interview à la radio RFI, Gervais Rufyikiri a dit qu'il n'avait pas officiellement démissionné, malgré le fait qu'il a quitté le pays. Des dizaines d'autres responsables du gouvernement, de membres de l'opposition et d'activistes de la société civile se sont également exilés.

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À la fin du mois d'avril, le gouvernement burundais a fermé l'Université du Burundi dans la capitale du pays, Bujumbura, alors qu'une partie de la population commençait à protester contre la décision du Président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat. Avec l'université fermée et les affrontements parfois mortels entre manifestants et forces de l'ordre, les étudiants ont commencé, le 30 avril, à arriver en masse sur le territoire de l'ambassade américaine pour y trouver refuge, craignant pour leur sécurité.

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À l'époque, le responsable du Bureau pour la démocratie du Département d'État, Tom Malinowski, s'était rendu à l'ambassade pour rendre visite aux 600 étudiants qui avaient fui.

La police aurait persuadé les étudiants de quitter le territoire de l'ambassade ce jeudi. Beaucoup se sont alors installés sur le parking de l'ambassade. Quatre de ces opposants auraient été blessés au cours d'une bagarre qui a suivi.

Un étudiant en histoire de l'Université nationale du Burundi, Landry Ndikuriyo, a dit à l'Associated Press que la police a menacé de déloger les étudiants par la force.

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« Il n'y a pas eu d'action violente envers l'ambassade. Ce n'était pas dirigé contre les États-Unis, » a déclaré depuis Washington le porte-parole du Département d'État américain, John Kirby. « Il n'y a eu aucune incursion dans la véritable enceinte de l'ambassade, et aucun employé du Département d'État ne s'est trouvé sous une quelconque menace. »

John Kirby a confirmé que des étudiants avaient commencé à quitter les locaux. Selon lui, tous les employés de l'ambassade sont en sécurité.

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Associated Press a contribué à la rédaction de cet article.