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Culture

Des nationalistes d’extrême droite entrent de force dans des bureaux de VICE

Nos collègues de VICE Roumanie ont reçu la visite de deux gars en colère parce qu’ils les ont cités… mot pour mot.
Paul Hitter (à gauche) et Calin Mărincuş (à droite) dans les bureaux de VICE Roumanie, à Bucarest

Les nationalistes de l’extrême droite ont un nouveau dada, et ce nouveau dada, c’est ceci : entrer de force dans des bureaux où se trouvent des gens en désaccord avec eux. Pourquoi? Pour prouver quelque chose. Prouver quoi? Ce n’est pas clair.

Vendredi dernier, nos collègues de VICE Roumanie à Bucarest sont devenus leurs plus récents hôtes malgré eux. Ils ont reçu la visite surprise de deux ultranationalistes en colère : Paul Hitter, militant contre la vaccination, et Calin Mărincuş, ancien kickboxeur et actuel administrateur de la page Facebook « Contre l’islamisation de la Roumanie ».

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Le duo a eu accès aux bureaux de VICE en prétextant une rencontre avec la direction. Bien sûr, aucune rencontre n’était prévue. Une fois à l’intérieur, Mărincuş a traité les employés de « progressistes » — ce qui, semble-t-il, se voulait une insulte — pendant que Hitter filmait en souriant.

Hitter et Calin sont conduits à la sortie des bureaux

Mărincuş a ensuite annoncé qu’il était venu rencontrer Ovidiu Tiţă, un journaliste de VICE. Ce dernier l’avait interviewé en juillet dernier à propos de sa participation à une manifestation contre la première parade de la fierté gaie à Cluj-Napoca, la deuxième plus grande ville de Roumanie. Dans cet entretien, Mărincuş avait affirmé que, selon lui, « l’homosexualité était une maladie mentale », « une déviance » et « un choix ». Dans les bureaux de VICE, l’ex-kickboxeur n’a pas précisé pourquoi il tenait tant à parler à Tiţă, mais nous présumons que c’était en lien avec ses opinions rapportées mot pour mot.

Ne trouvant pas Tiţă, Mărincuş a déclaré à une journaliste qu’elle était « belle » et qu’elle était « payée pour ça », avant que des employés lui montrent la porte, ainsi qu’à Hitter. « Vous n’êtes qu’une bande de collaborateurs du progressisme », a rappelé Mărincuş en sortant, dents serrées. « Honte à vous! Vous ne représentez pas la jeunesse de Roumanie. »

Cette saisissante mais vaine tactique d’invasion de bureaux a probablement été inspirée par les actions d’autres membres connus de l’extrême droite en Europe.

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En Allemagne, en mai 2017, une cinquantaine de membres du Mouvement identitaire, un groupe d’extrême droite, ont essayé d’entrer dans les bureaux du ministère de la Justice pour protester contre une loi contre les discours haineux. La police est parvenue à les stopper et à arrêter leur chef.

Le même mois, l’ancien chef de la English Defence League (EDL), Tommy Robinson, accompagné d’un employé de Rebel Media, un média de droite, est entré de force dans les bureaux de Quilliam, un groupe de réflexion contre l’extrémisme. Ce groupe avait provoqué le départ de Robinson de la tête de l’EDL en 2013. Un ex-membre de Quilliam avait écrit un article pour le Guardian à propos de l’extrême droite dans lequel il mentionnait le nom de Robinson à trois reprises. Des mentions que ce dernier n’avait pas beaucoup aimées, à l’évidence.

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Plus tôt dans l’année, Robinson était aussi entré de force dans les bureaux de Wales Online pour trouver et questionner un journaliste qui l’avait associé à l’extrême droite. Il refusait cette étiquette même s’il défendait des idées d’extrême droite depuis près d’une décennie.

Où tenteront d’entrer ces ultranationalistes la prochaine fois? Difficile à prévoir. Mais si vous travaillez dans un média qui critique occasionnellement les auteurs de discours haineux, qui sait, ils pourraient être à votre porte.