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Des robots joviaux pour lutter contre la démence

L'uncanny valley possède des richesses inaccessibles que la réalité virtuelle ne pourra jamais nous offrir.
Image : USC

Rien de tel que la pression sociale pour pousser quelqu’un à faire quelque chose. Dans certains cas, cette force est plutôt néfaste : on se serait bien passé, par exemple, des commentaires sur Internet. Le tide pod challenge, lui aussi, était parfaitement superflu.

Heureusement, les humains sont parfois capables de donner le meilleur d'eux-mêmes dans le but de se sentir appréciés par leurs pairs. Or, qui dit sentiment d’acceptation dit rush de dopamine, et il est tout à fait possible de tirer partie de cette mécanique pour provoquer chez autrui le comportement désiré.

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Maja Mataric, chercheuse en informatique et neurosciences à l’université de Sud-Californie, travaille justement sur le sujet. Mataric s’intéresse aux utilisations thérapeutiques de l’intelligence artificielle incarnée, c’est-à-dire des robots. Plus spécifiquement, elle travaille sur les “robots d’assistance sociale”, ces machines de plastique et de métal que l'on utilise pour “coacher, motiver et accompagner” dans des contextes de soin et de réhabilitation.

“Les interactions sociales gouvernent le comportement des créatures sociales, surtout par le biais de situations incarnées”, explique Mataric au cours d’une conférence au Re-Work AI Assistant Summit de San Francisco. Cela signifie qu'une IA avec laquelle on interagit par écran interposé a des capacités limitées. Sur le plan neurologique, les humains sont plus excités par la présence d’un objet physique. “Nous sommes des créatures fondamentalement incarnées.”

La preuve, a déclaré Mataric, c’est qu’un robot n’a pas grand chose à faire pour provoquer un effet sur le comportement social d'un humain. Sa seule présence suffira à modifier l'attitude de ce dernier.

Pour illustrer son propos, elle raconte l’histoire d’un patient qui doit retrouver l’usage d’un membre après un AVC. Selon elle, quand nous ne sommes plus capables d’utiliser une partie de notre corps, notre réponse naturelle est de ne plus le solliciter. À l'inverse, la rééducation d'un membre exige de faire l'effort inverse : concentrer toute son attention et tous ses efforts sur l'organe en question jusqu'à ce que la partie du cerveau qui le contrôle soit de nouveau en état de marche.

Dans l’exemple de Mataric, un robot pourrait faciliter la démarche de soin en se comportant comme un genre de pom-pom girl, c’est-à-dire en validant et encourageant le comportement désiré. Le simple fait d’interagir avec la créature de métal pourrait contribuer à limiter la progression d’une démence, par exemple, explique la chercheuse.

Les effets positifs des robots d’assistance sociale ont déjà été validés par des tests pré-cliniques. Cependant, ils présentent encore de nombreux défis à leurs concepteurs. Leur conférer une personnalité profonde, réaliste et sensée, par exemple, sera très difficile. De même, leur donner une physionomie agréable constituera un autre problème majeur.

Pourtant, les effets bénéfiques permis par les robots d'assistance ne peuvent pas être reproduits en réalité virtuelle. “Le principal problème de la réalité virtuelle, c’est l’immersion, a expliqué Mataric. Pour progresser, nos patients ont besoin de sentir qu'ils sont dans le monde réel.”