Dans les rues d'un bidonville mexicain

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Dans les rues d'un bidonville mexicain

Quand les mesures de Donald Trump menacent les quartiers pauvres du Mexique, déjà fortement touchés par le chômage et le trafic de drogue.

Bien que le président Donald Trump soit au pouvoir depuis seulement quelques jours, les perspectives à la frontière entre les États-Unis et le Mexique semblent déjà peu reluisantes. Ces derniers jours, ses menaces de démanteler les accords commerciaux et d'imposer des taxes à l'importation ont été jugées de « désastreuses » pour l'économie mexicaine.

À El Tapatio, un bidonville situé en périphérie de Guadalajara, la deuxième plus grande ville mexicaine, l'incertitude économique et le trafic de drogue vont de pair. Ici, si la vie semble suivre son cours de façon bien plus lente que dans les quartiers plus centraux, pour José Marquez, 19 ans, la journée de travail ne s'arrête jamais.

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Marquez vit dans un deux-pièces avec sa mère, sa femme et leurs deux enfants. Martin, son voisin, est aussi son partenaire d'affaires.

Les jobs se font rares à El Tapatio. Les options de Marquez sont d'autant plus limitées qu'il ne sait pas lire et écrire. Ainsi, régulièrement, il se rend dans la ville voisine de Zapopan, où il lave les pare-brises des voitures aux intersections. Afin de gagner assez d'argent pour pouvoir nourrir ses enfants, il vend aussi de la weed et de la méthamphétamine avec Martin.

Martin, 23 ans, couvre son visage durant la photo car il a peur que j'appartienne à la police.

Marquez, 19 ans, s'apprête à aller jouer au foot alors qu'il attend la venue de clients dans son deux-pièces de El Tapatio.

Janet, la femme de Marquez, s'inquiète du fait que, si le chômage continue à augmenter au Mexique, ses enfants seront plus susceptibles de dealer de la drogue ou de rejoindre des cartels.

« L'Amérique semble comme prête à nous livrer une guerre économique. Il y a déjà très peu d'emplois et, si on en perd à nouveau, les gens vont inévitablement s'impliquer dans le deal de drogue étant donné les opportunités que permet l'activité », avance-t-elle.

Janet se met à rire quand on l'interroge sur le mur que compte construire Trump à la frontière.

« Je ne comprends pas pourquoi ils voudraient interdire aux Mexicains d'entrer alors que nous allons dans leur pays pour travailler, dit-elle. Surtout, le Mexique dispose de très peu de restrictions concernant l'entrée des Américains sur son sol. C'est un double standard. »

Jesús montre son tatouage du blason mexicain.

Cependant, le 25 janvier, seulement cinq jours après sa prise de fonctions, Trump a déjà mis en branle cette promesse de campagne en signant un décret lançant le projet de mur avec le Mexique.

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Alors que Martin et José jouaient au foot avec des gamins du quartier en attendant les clients, j'ai remarqué l'inscription « Trump aime Peña » taguée sur un mur. Le message se référait aux relations houleuses entre le nouveau président américain et Enrique Peña Nieto, le président mexicain.

Interrogé sur Trump, Marquez s'est mis à rire et à secouer la tête. Malgré la barrière de la langue, j'ai réussi à comprendre qu'il prenait le nouveau président pour un fou.

Retrouvez le travail de Chris Donovan sur son site.