Les Soprano
Une partie du casting des Soprano ©
Culture

Notre classement totalement subjectif des personnages des Soprano

Du pire au meilleur et avec tout un tas de spoilers.
Alexis Ferenczi
Paris, FR

On ne va pas tourner autour du pot de ricotta des plombes, s’il ne fallait choisir qu’une œuvre pour nous accompagner sur l’île déserte qu’est actuellement notre vie, n’importe quelle personne un poil sensée choisirait les Soprano. Ce n’est pas une posture, la série imaginée par David Chase et diffusée par HBO au début des années 2000 est la seule capable de tenir 86 épisodes sans une seule faute de goût. Elle offre au passage une galerie de personnages inoubliables, des infâmes, des lâches, des menteurs, des cocaïnomanes et des assassins qui donneraient quand même des maux de tête à Saint Pierre. Pour lui faciliter la tâche, on a fait le tri dans le casting histoire de régler quelques comptes et de savoir qui sauverait sa peau le jour du Jugement dernier. Du pire au meilleur et avec tout un tas de spoilers.

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Tony Soprano – Le plus infâme

Au terme de notre troisième visionnage des Sopranos, nous pouvons vous le dire avec assurance : le plus grand FDP de cette bande de FDP est sans aucun doute Tony Soprano lui-même. Le protagoniste de toute cette affaire est un tueur en série brutal, impulsif et dénué de toute forme de remords. La force est son seul langage. Son égoïsme est son seul moteur. On éprouve tout de même un peu de sympathie pour lui et c’est sans doute le pire.

Deborah Ciccerone-Waldrup - La plus ignoble

Une gigantesque connasse. Trop de gens détestent Janice ou Livia alors que le personnage féminin le plus haïssable de la série est clairement elle. Avec sa petite vie de merde, son mari de merde et son bébé de merde, cette pauvre femme a tout bonnement trop le seum pour traiter la fragile Adriana avec respect, ce qui est absolument inacceptable. On aurait adoré qu’elle prenne une balle dans le bide avant de passer par-dessus bord. La véritable responsable du meurtre d’Adriana, c’est elle. Ignoble.

Livia Soprano – La plus machiavélique

Mater dolorosa niveau boss de fin. Après avoir tenu le foyer à bout de bras, en dépit d’un mari volage, Livia doit composer avec l’idée que ses enfants préfèrent leur père et lui collent les pires horreurs sur le dos quand ils ne tentent pas de la foutre en Ehpad. Cette trahison pourrait venir d’un modèle éducatif inadapté mais comme elle le dit : « les gosses, c’est comme les animaux, faut bien que quelqu’un leur apprenne la vie ». On est à 200% avec toi Livia.

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Livia Soprano HBO

Livia Soprano © HBO

Meadow – La plus irritante

La voix de cette femme est tout bonnement insupportable. De caprice en caprice, Meadow passe de mec en mec et de crise de larmes en crise de larmes. En dépit de ses nobles aspirations professionnelles et de son mépris manifeste pour la mafia, cette gamine éternelle se braque chaque fois que quelqu’un exprime le moindre doute sur son environnement familial. Une fois de plus, Tony et Carmela font pourtant de leur mieux pour leur enfant. Ça ne suffit pas et c’est peut-être le message le plus cruel de la série. 

Anthony Junior – Le plus pathétique 

Quel petit connard. Imaginez que votre vie actuelle est un rêve et que vous vous réveillez en sursaut pour découvrir que votre engeance porte la barbe en collier, n’a jamais passé son brevet des collèges et se prend pour la plus grande de toutes les victimes du cosmos. En six saisons, ce mec ne fait tout simplement rien de productif. On ne peut pourtant pas dire que ses parents aient délaissé sa cause. Il rappelle néanmoins que personne ne peut grandir dignement dans une atmosphère de violence. 

Jennifer Melfi – La plus réfléchissante

En bonne psychiatre, le docteur Melfi est tout juste un miroir pour Tony Soprano. Autrement dit, elle manque un peu de substance. Plutôt que de travailler lentement mais sûrement sur cette substance, les scénaristes choisissent de condamner Jennifer Melfi à un viol dans un parking souterrain au début de la série, ce qui est assez discutable. Apparemment, la psychiatre fonctionne comme un îlot scénaristique : ce qui se passe dans son bureau ne change absolument rien au déroulement de la série, ni même au destin de Tony. Peut-être est-ce là toute la vanne des Soprano

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Jennifer Melfi Soprano HBO.png

Jennifer Melfi © HBO

Pussy – Le plus mou

Pussy Bompensiero est le personnage de la série avec lequel vous vous sentirez le plus proche : à la fois en surpoids, lâche et cherchant à justifier ses actes à voix haute à chaque épisode, il incarne à la perfection l’homme du XXIe siècle, pas du tout sûr de lui mais assez pour piailler dès qu’il y a une couille dans le potage, travaillant pour le crime organisé mais pas loin de se plaindre que les conditions ne sont pas optimales d’ailleurs il a mal au dos est-ce qu’il pourrait poser quelques RTT ?

Caitlin – La plus fragile

La coloc de Meadow à Columbia passe très rapidement de « gentille pimbêche du Kentucky dotée d’un score au SAT lui permettant de choper une bonne fac » à « épave imbibée d’Absolut en total décrochage scolaire ». Une chute qui n’est pas sans rappeler celle de ses cheveux ainsi que le destin de quelques étudiants de ma fac de langues orientales montés de leur province à Paris. Seul exploit de Caitlin : niquer la moyenne générale de Noah, petit copain turbo snob de Meadow. On la respecte pour ça. Et pour lui rendre justice, voir du papier journal coincé dans le cul d’un clodo est probablement choquant. 

Aaron – Le plus proche du Seigneur

Enième compagnon de Janice – période « J’ai retrouvé Dieu » – Aaron a la bonne idée de porter un catogan et de s’endormir en s’affalant sur tout ce qui bouge. Pas mal pour un mec qui est techniquement le beau-frère du boss de la pègre du New Jersey. En plus, la narcolepsie ne l’empêche pas de composer un pur album de rock chrétien rempli de bangers que Tommy Mottola serait à deux doigts de produire. Un bon point pour Aaron.

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Son attitude après la découverte de sa véritable filiation en dit long sur la composition du mucus qui entache son âme. On ne peut pas faire confiance à un mec comme ça - Paulie Gualtieri

Noah – Le plus Ivy League

Gros fils à papa très calé en cinéphilie. Même s’il connaît la date de sortie de tous les films avec James Cagney, Noah se heurte à l’intransigeance de ce grand romantique de Tony Soprano qui ne veut surtout pas que sa fille couche avec un étudiant métis né d’un père juif et d’une mère afro-américaine. Seul exploit de Noah : parvenir à coucher avec la fille de Tony Soprano. Comme beaucoup de ceux qui ont relevé un tel défi, il est quand même un être humain de mauvaise qualité. Et ça n’a rien à voir avec sa qualité de mulignan

Paulie – Le plus vil

Paulie est amusant. Son rire et son klaxon sont les plus belles pastilles sonores de la série. Il est aussi sympathique dans son célibat gaillard, émouvant dans ses moments de doute enfantins et toujours partant pour fumer un opp dans les fourrés. Malheureusement, beaucoup de spectateurs oublient que ce mec est aussi un serpent absolu dont l’attitude confine régulièrement à la trahison. Son attitude après la découverte de sa véritable filiation en dit long sur la composition du mucus qui entache son âme. On ne peut pas faire confiance à un mec comme ça.

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Paulie « Walnuts » Gualtieri © HBO

Christopher – Le plus bas

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Nous avons une question pour vous : Christopher fait-il quelque chose de bien de son plein gré ne serait-ce qu’une seule fois dans les six saisons ? La réponse est non. Ce mec tape une crise quand il apprend que sa copine ne peut probablement pas avoir d’enfants. Autrement, il la bat et manque même de la tuer. Il plonge volontairement dans la toxicomanie à plusieurs reprises. Chaque fois que Christopher a la possibilité de se sortir de la fange, il fonce plus en avant dans ses petits rêves de gros dur. Il est tout de même sympathique et son assassinat est peut-être le moment le plus détestable de la série. 

Vin Makazian – Le plus touchant

Ce personnage ne revêt aucune importance à l’échelle de la série. Cependant, il reste son personnage le plus émouvant. Ce flic fatigué qui tentait tant bien que mal de continuer à vivre dignement ne méritait pas son destin. Il est mort en ayant fait de son mieux après avoir essuyé mille humiliations de la part de Tony Soprano, qu’il considérait néanmoins comme un homme juste et bon. Son visage est gravé pour toujours sur notre cœur et dans notre rétine.

Silvio Dante – Le plus chevelu

Chaque visionnage des Sopranos fait surgir la même question : les cheveux de Silvio sont-ils authentiques ? Nous sommes prêts à parier que non. Perruque ou pas, ce mafioso caricatural est tout de même un lieutenant relativement fidèle, ce qui le distingue de bon nombre de ses co-équipiers. Nous sommes tout de même incapables de le respecter pour de bon car il assassine Adriana avec un rictus qui trahit un certain plaisir. Et en même temps, il poignarde sans hésiter le gros tas qui se moquait de l’homosexualité de Vito sous son toit. Avez-vous un pote qui ferait ça pour vous ? 

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Silvio Dante © HBO

Jackie Junior - Le plus con

Ce petit merdeux de Jackie Junior n’a pas volé sa bastos dans l’occiput. Il est vrai que la série fait tout pour le rendre détestable : son style flamboyant, sa stupidité acharnée, son mépris pour Meadow… On comprend que ce James Dean de Walmart souffre du souvenir de son père. Reste que ce débile choisit toujours la pire option. Naïveté authentique ou acharnement vers la mort ? Quoi qu’il en soit, merci pour rien.

Hunter – La plus BFF

Si comme dans les BDs d’Hergé, Meadow était visitée tout au long de la série par un ange et un démon, Hunter incarnerait parfois le premier et systématiquement le second. Capable de fulgurances, Hunter est l’amie dont Meadow avait besoin pour grandir, s’affirmer, prendre des taz et perturber le ronron quotidien de ses parents à grand coup de vomi, de fêtes illégales et de décisions toutes plus connes les unes que les autres. Une vraie amie en somme. 

Le daron de Carmela – Le plus punk

Le rire franc et guttural du père de Carmela quand Tony frotte ses saucisses contre son visage résonne encore à nos oreilles. Sa joie quand il reçoit un fusil et qu’il n’a plus à écouter les rodomontades de l’ami de sa femme qui se fait appeler docteur et qui a rencontré le pape n’a d’égale que la notre. RAF du Vatican. Carmela père dabe sur les convenances et des réglementations qui encadrent la construction des logements.

Valery – Le plus soviétique

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Sans Valery, pas d’Enfer Blanc et sans Enfer Blanc, pas de meilleur épisode de la meilleure saison (la troisième). Au-delà des sympathiques paysages de Pine Barrens, quel plaisir de voir gambader dans la neige un ex-Spetsnatz qui a l’habitude de se laver les couilles à l’eau glacé et s'est illustré lors du dernier conflit en Tchétchénie en tant que décorateur d’intérieur. Dommage qu’encore une fois, l’Amérique soit venue contaminer ce héros à grands coups d’alcool, de drogue et de démon du jeu, transformant Valery en toxico endetté jetant l’opprobre sur sa famille pour les générations à venir.

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Valery en pyj' © HBO

Irina – La plus vicos 

La preuve qu’on peut sortir du Bada Bing mais que le Bada Bing ne sort jamais vraiment de nous. Irina fait beaucoup d’efforts mais son amour sincère pour Tony Soprano perturbe un peu trop son logiciel. Incarne à elle seule les affres de l’effondrement du mur en refusant de se faire soigner parce que le psy de l’hôpital est Roumain ou en s’engueulant avec la bonne parce qu’elle est polonaise en plus d’être une « sorcière barbue ». Le grand drame d’Irina est qu’elle se sait inférieure à sa cousine unijambiste Svetlana Kirilenko. 

Cousin Tony – Le plus fouteur de merde

Impossible de ne pas superposer les meilleurs sentiments que nous éprouvons envers Steve Buscemi sur ce personnage somme toute détestable. À force de retournements de veste, cet idiot saborde sa propre vie et amorce la chute de la famille du New Jersey. Tout est de sa faute. Phil Leotardo avait raison de vouloir le torturer. Faute de fourchettes sous les ongles, il n’a pas volé son coup de fusil dans le buffet.

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Phil Leotardo – Le plus raisonnable

Les sourcils de Brejnev et l’intransigeance de Hoover. Comme son noble patron Johnny Sack, l’homme aux cheveux de ramen Phil Leotardo cherche seulement l’équilibre. Malheureusement, Tony Soprano et ses sbires font tout leur possible pour lui casser les couilles. La famille du New Jersey aurait pu sauver sa peau si son gros débile de boss avait accepté de livrer son cousin à Phil. Ce n’aurait été que justice. Il faudra tout de même deux saisons pour que ce dernier ne pète finalement un câble, ce qui l’honore. On ne pourra tout de même jamais lui pardonner pour Vito.

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Phil Leotardo © HBO

Stasiu – Le plus polonais

À Lodz, Stasiu avait 20 employés sous ses ordres et le gouvernement pour financer ses recherches. De l’autre côté de l’Atlantique, Stasiu est chauffeur de taxi, fait occasionnellement un peu de plomberie et a pas mal de temps pour s’interroger sur la pertinence du modèle communiste en attendant d’obtenir la nationalité américaine. On ne sait pas quelles conclusions il tire de tout ça mais ce n’est probablement pas un peu d’argenterie ou un manteau en cuir élimé qui vont lui faire oublier la mère patrie.

Vito Spatafore – Le plus martyrisé

Étrange personnage que celui de Vito Spatafore. Les auteurs de la série semblent s’acharner à le faire passer pour un homosexuel tout ce qu’il y a de plus cliché, avec harnais en cuir et petit copain à grosse moustache. Son coming-out a le mérite de faire tomber les masques : Phil Leotardo et Paulie dévoilent leur qualités de merdeux homophobes quand Tony Soprano se montre étrangement tolérant. Son arc narratif est sans doute le plus marquant de la série. Encore un qui n’a rien fait de mal et qui ne méritait pas de mourir.

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Normalement, personne ne fréquente le crime organisé sans en payer le prix tôt ou tard. Ce gangster parmi les gangster a presque chopé la femme du boss du New Jersey et s’en est sorti vivant - Phil Intintola

Georgie Santorelli – Le plus solide

Le barman du Bada Bing se prend la moitié de son établissement sur la gueule. Sorte de Sisyphe si l’on considère que Sisyphe était un punching-ball pour les dieux de l’Olympe. Georgie n’a pas été réellement formé pour recevoir des appels et les transférer, ce qui le rend plutôt sympathique. Un personnage dont la fidélité n’est jamais remise en question malgré les coups et les insultes, contrairement aux « capitaines » de Tony qui manquent de tomber tête la première sur sur la bite de Johnny Sack chaque fois que la route se fait difficile. Un roc. Ou un genre de plante verte, à vous de voir.

Phil « Abbé glouton » Intintola – Le plus viveur

L’un des rares personnages de la série à avoir tout compris. Ce mec se glisse dans la maison des veuves et des épouses abandonnées pour leur dévorer le gabagool et boire leur prosecco sous prétexte de regarder une comédie romantique. Normalement, personne ne fréquente le crime organisé sans en payer le prix tôt ou tard. Ce gangster parmi les gangster a presque chopé la femme du boss du New Jersey et s’en est sorti vivant. Une leçon pour tous les apprentis wise guys : parfois, mieux vaut accepter sa condition de parasite et ne pas faire trop de boucan. 

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Phil et Carmela © HBO

Cusomano – Le plus dindon de la farce

Si Cusomano était vraiment un übermensch, il arrêterait de faire comme si ce n’était pas une chance d’habiter à côté de Tony Soprano.

Gloria Trillo – La plus « ex zinzin »

En plus de populariser l’excellente initiative qui consiste à organiser des rendez-vous galants au zoo, Gloria subit de plein fouet les turpitudes de Tony Soprano, incapable de gérer l’emploi du temps de sa maîtresse quand il ne s’agit pas d’une jeune ukrainienne tout juste post-pubère. Indépendante financièrement, elle aurait dû continuer à s’organiser des petits voyages solo au Maroc plutôt que d’essayer d’être sympa en préparant des steaks à un mec qui lui fout continuellement des plans - ce qui est une raison totalement valable pour les lui envoyer à la gueule dans un accès de colère. 

Charmaine Bucco – La plus Cassandre

Alors OK, Charmaine a souvent raison. Elle est une incarnation de la vertu, du mérite et de la probité, capable de renifler les emmerdes dans lesquelles son mari Artie va plonger à 200 km vent dans le dos. Problème, c’est aussi ce qui semble la rendre incommensurablement malheureuse. Sa vie n’est faite que de regrets, d’occasions manquées et de bouffées de jalousie qu’elle éprouve pour les gens qui ne sont pas elle. Pire, elle ne finira probablement pas canonisée malgré tous ses efforts.

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Charmaine Bucco © HBO

Hesh - Le plus patient

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Hesh est Juif et riche. Forcément, tous les abrutis de la mafia (et occasionnellement du gangsta rap) en profitent pour enchaîner les vannes antisémites devant lui ou dans son dos. Hesh est pourtant un homme raisonnable et amical. Ses colères sont toujours justifiées. Mais comme tous les personnages raisonnable de cette série, son calme ne lui apporte que des emmerdements. Au moins, il survit à toute la clique.

Svetlana Kirilenko – La plus belle

Oui, vous avez bien lu. Svetlana est la plus belle femme des Soprano. Elle écrase sa cousine Irina, Jennifer Melfi, Carmela et toutes les autres. Par la beauté de son visage, donc, mais aussi de son caractère. Permettez-nous cette démonstration : le plus gros prédateur-emmerdeur-forceur-agresseur de la série est sans conteste Tony Soprano. Or, un seul personnage parvient à le gérer avec une poigne telle qu’il ne trouve même pas le moyen de faire un caca nerveux. Ce personnage, c’est Svetlana, qui ne hausse pas la voix une seule fois de toute la série. On t’aime, Svetlana.

DIXIÈME : Richie Aprile – Le plus dépassé

Richie m’a toujours fait penser à mon grand-père, d’abord parce qu’il a du cran malgré sa petite taille, qu’il a un caractère de merde, qu’il aime les gabardines en cuir mal coupées et qu’il ne se laisse pas marcher sur les pieds. Bien sûr, je n’ose imaginer mon grand-père en train de pointer un flingue sur la tempe de ma grand-mère pendant une partie de jambes en l’air mais on a quand même retrouvé un vieux revolver à la cave après sa mort quand il a fallu ranger ses affaires. Richie est aussi une très mauvaise publicité pour le yoga, la réinsertion après la tôle et l’idée vieille comme le monde de se marier avec une ex. 

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Richie Aprile © HBO

NEUVIÈME : Oncle Junior – Le plus cool

Oncle Junior est seulement un jouet pour Tony. Les vannes graveleuses de ce personnage ne doivent pas vous faire oublier son côté profondément pathétique : après plusieurs décennies dans la famille, Junior obtient juste le droit de servir de paratonnerre à son neveu et bascule aussi sec dans la démence. Il aura au moins eu le mérite de lui mettre une bonne bastos dans les intestins. Notons aussi que l’un des meilleurs épisodes de la série, celui sur le cunnilingus, tourne essentiellement autour de lui.

HUITIÈME : Ralph Cifaretto – Le plus humain 

L'Übermensch de la série. Ralph est supérieur en tout point à Tony et celui-ci le déteste pour ça : il fait plus d’argent, il chope de plus jolies femmes, il a meilleur goût, il est plus humain. En dépit de ses problèmes de drogue et de violence, Ralph est en effet l’un des rares personnages de la série à garder un peu d’humidité dans le cœur. Son meurtre est un scandale absolu et l’une des raisons pour lesquelles Tony est une merde.

SEPTIÈME : Rosalie Aprile – La plus insubmersible

La voix rocailleuse de « Ro » porte toujours des paroles ailées. Même la perte de son mari, de son fils et une relation avec Ralph Cifaretto n’ont pas pu la terrasser. Elle est la seule femme de mafieux qui ne supporte pas les conneries de Carmela sans rien dire. Son visage toujours barré d’un mélange d’inquiétude sincère et de perplexité, Rosalie traverse six saisons comme un rocher insensible aux chocs des vagues. Une femme de granit, une femme de fer, un modèle.

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Rosalie Aprile © HBO

SIXIÈME : Artie Bucco – Le plus coincé

Le destin malmène méchamment le malheureux Artie tout au long de la série : comment vivre tranquillement quand de gros mafieux font des ardoises de plusieurs milliers de dollars dans ton restaurant et que ta femme te pulvérise les couilles (à raison) chaque jour que Dieu fait ? Chaque fois qu’Artie tente de se libérer de ces influences, il est puni : rossé par un Jean-Hughes Anglade qui vend de l’Armagnac, ignoré par Adriana et méprisé par Tony. Sale temps pour les restaurateurs.

CINQUIÈME : Carmela – Les plus beaux ongles

Carm serait probablement en haut du classement si elle avait fait sept beaux enfants avec Furio et qu’elle n’était pas une gigantesque michetonneuse qui tombe amoureuse de prêtres. Même dans ses pires moments de colère, une ou deux grosses liasses tombées des mains de son mari suffisent immanquablement à la calmer. Cependant, Carm a aussi ses qualités : elle a beau tirer la gueule quand sa « copine » Angie Bonpensiero achète une Corvette avec son propre argent, elle engueule sa mère et son père sans ménagement quand ils le méritent. Surtout, elle porte la famille (nucléaire) Soprano seule. 

QUATRIÈME : Furio – Le plus beau

Furio excite sexuellement votre copine. C’est normal. Il est absolument superbe avec son catogan, ses chemises en soie rococo et son accent italien. Lui et son vinaigre balsamique artisanal incarnent la supériorité éternelle du Vieux continent sur les États-Unis, cette terre maudite qui cherche désespérément une histoire et des repères entre un Starbucks et un Little Caesar’s. Dans un monde idéal, il aurait poussé Tony Soprano dans l’hélice et fait sept beaux enfants à Carmela qui ne demandait que ça. 

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Furio © HBO

MÉDAILLE DE BRONZE : Bobby Baccalieri – Le plus gentil 

Bobby « Bacala » est un gros de ventre et de générosité. C’est aussi le seul mec qui parvienne à battre Tony Soprano à la bagarre après que ce dernier a laissé entendre que sa copine suçait trop de bites dans sa jeunesse. Bobby détonne dans cet univers de mafieux visqueux : il aime les enfants et les petits trains, se montre fidèle et serviable et rechigne à la violence. Il méritait mieux que servir de majordome à Junior et c’est sans doute la raison pour laquelle il ne se soumet jamais complètement à Tony. Que ça vous serve de leçon de vie.

MÉDAILLE D’ARGENT : Adriana La Cerva – La plus pure 

Un petit lapin blanc dans un monde de Monster Trucks. Tout le monde met cher à la pauvre Adriana. Son propre mec, Christopher, passe son temps à la frapper. Au moins trois personnages rêvent ouvertement de la choper. Sa fragilité la pousse droit dans les griffes du FBI. Elle vomit et elle chie partout. Et pourtant elle endure. Adriana rêve d’autre chose. Elle est peut-être la seule à vouloir réellement quitter la vie mafieuse. Son meurtre est la conséquence logique de cette aspiration mais il est quand même le moment le plus triste et injuste de la série. 

GRAND VAINQUEUR : Johnny Sack – Le plus juste 

Il faut le dire : Johnny n’a rien fait de mal. Jamais. C’est la vérité. La blague sur la verrue de 40 kilos sur le cul de sa femme était réellement déplacée et n’importe quel époux digne de ce nom aurait pété un câble dans sa position. Johnny est un personnage de colère juste, un homme équitable qui tente toujours de faire régner l’harmonie en dépit des mensonges de Tony Soprano et de son équipe. Excellent gars, bien sapé en plus.

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John Sacrimoni © HBO

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