Bienvenue au paradis des ours

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Bienvenue au paradis des ours

L'Olympic Game Farm servait de lieu de tournage et de réserve à animaux-acteurs à Walt Disney Productions, des années 50 jusqu'aux années 70. Aujourd'hui, les descendants des stars de Disney ont gardé les habitudes de leurs ancêtres.

Tous les trois mois ou peu s'en faut, une série de vidéos fait le tour des réseaux sociaux et suscite un émerveillement sans cesse renouvelé. On y voit des ours bruns adorables s'asseoir sur leur arrière-train et faire coucou à la caméra le plus naturellement du monde, s'attirant les cris d'extase de touristes amateurs de grosses patounes.

Ces animaux font partie du groupe de 19 ours de l'Olympic Game Farm située à Sequim, dans l'État de Washington. La ferme est située à 2h de route de Seattle, à proximité de la frontière nord-est du Parc national Olympique, et vit principalement du tourisme et de donations privées. Il y a encore quelques années, l'endroit, très isolé de la civilisation, n'était connu que d'une poignée d'individus pratiquant le bouche-à-oreille. Mais grâce à Youtube, tout a changé.

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« Ici, dans la partie rurale de la péninsule olympique, notre principal moyen de communication a longtemps été l'Internet 56k », explique Robert Beebe, président de l'Olympic Game Farm, dans une interview accordée à Motherboard. « Un jour, nous avons obtenu l'ADSL, et notre fréquentation a explosé. Aujourd'hui, je négocie avec une compagnie de télécom locale afin de faire venir la fibre optique. »

Quelques vidéos virales plus tard, et grâce à l'aide de Carrie Underwood (passez directement à 1:31), et de talk-shows américains, la ferme est en plein essor. Il faut avouer qu'il n'est pas très difficile de faire la promotion d'une bande d'ursidés coopératifs qui saluent chaleureusement le premier visiteur venu comme s'il s'agissait de leur pote de toujours.

À l'origine, le lieu était la propriété du grand-père de Robert, le photographe animalier Lloyd Beebe. Il a régulièrement servi de décor à Walt Disney Productions à partir des années 1950, et jusque dans les années 1970. Disney utilisait alors fréquemment des animaux dans ses films tels que Wilderness White (1958) et The Incredible Journey (1963). Les productions ciné et télé de La Légende de Grizzly Adams et de l'ours Benjamin ont également recruté les animaux de la ferme comme acteurs principaux de la série.

Lloyd Beebe en compagnie de Ben, jouant dans Grizzly Adams. Image : Robert Beebe

Mais après la mort de Walt Disney en 1966, les films faisant intervenir des animaux dans leur milieu naturel se sont raréfiés, et les studios Disney ont progressivement abandonné la ferme. Celle-ci est alors devenue une sorte de maison de retraite pour anciens animaux acteurs. Progressivement, Lloyd a commencé à recueillir des animaux sauvages orphelins nécessitant des soins intensifs, et les a accueillis parmi les ours. Aujourd'hui, la ferme est toujours gérée par la famille Beebe, et notamment par deux des petits-enfants de Lloyd, Robert et James. Les animaux qui y résident sont pour la plupart des descendants des anciennes stars de Disney, ou des animaux nés en captivité dans des établissements qui ne pouvaient plus s'occuper d'eux à long terme.

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Tug, un ours de 5 ans vivant à l'Olympic Game Farm. Image : Robert Beebe

Beebe emploie trois soigneurs animaliers permanents en plus de lui-même et de son frère, ainsi qu'une dizaine de salariés qui se consacrent à l'entretien des locaux et à l'aménagement paysager. Outre les buffles, zèbres, tigres, loups et autres animaux qui vivent là, les ours sont un véritable gouffre financier pour la famille. Un adulte peut consommer jusqu'à 30 kg de nourriture chaque jour, dont 20 kg de viande de bœuf ou de cheval. Alors quand des chevaux ou du bétail meurent dans les fermes alentour, Beebe reçoit immédiatement un appel téléphonique afin que la carcasse de l'animal soit dévorée sur place par l'un des ours de l'Olympic Game Farm, ravi d'être dépêché sur les lieux.

Les 10 kg de nourriture restants sont constitués de légumes et de divers végétaux consommés dans le parc. Actuellement, les ours viennent de terminer leur période d'hibernation ; ils ne mangent que tous les deux ou trois jours tout au plus. Mais en octobre prochain, ils devront engraisser pour l'hiver et consommeront alors des quantités astronomiques de bouffe, à raison de 500 $ à 1 000 $ d'entretien par jour et par ours. Les tranches de pain que les touristes jettent aux ours depuis leur voiture ne sont que des casse-croûtes, en comparaison.

Le salut de la patoune – qui a fait la réputation des ours de la ferme à l'échelle internationale – a toujours fait partie du comportement des animaux, d'aussi loin que Beebe se souvienne.

« Ils ont toujours fait ça, je ne les ai pas dressés », explique Beebe. « Les ours d'origine avaient l'habitude d'agiter la patte pour communiquer avec mes grands-parents, et cette habitude est restée. Leurs descendants se sont de toute évidence approprié ce comportement. »