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La présence de fluorure chez les femmes enceintes pourrait causer une baisse du QI des enfants

Il y a de nombreux endroits où on en ajoute dans l’eau potable.

Des scientifiques ont établi un lien entre un haut niveau de fluorure dans l'urine d'une femme enceinte et une intelligence moins développée chez son enfant.

L'étude publiée hier dans le journal Environmental Health Perspectives a été réalisée auprès de quelque 300 femmes mexicaines et leur progéniture. Les participantes étaient exposées au fluorure naturellement présent dans l'eau et ajouté dans le sel.

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Une corrélation a été observée entre le haut taux de fluorure chez les femmes enceintes et des résultats moins bons aux tests d'intelligence chez les enfants à l'âge de quatre, six, puis 12 ans.

Les chercheurs ont également noté l'âge des mères, leur QI, leur consommation de tabac, leur éducation, leur statut juridique, leur poids, etc. « Nous avons examiné les effets de tous les facteurs qui auraient pu influencer le développement neurologique [de l'enfant]. Mais nous n'avons trouvé aucun autre élément qui puisse être un facteur de confusion potentiel », a expliqué le Dr Howard Hu en entrevue avec CTV.

Ils assurent qu'il faut plus de recherches pour confirmer leurs résultats par des études sur d'autres populations, même si ce n'est pas la première fois que ce lien est observé.

Dans leur étude, les chercheurs remarquent que leurs résultats font écho aux « études écologiques suggérant que les enfants qui vivent dans des zones présentant une forte exposition au fluor […] ont des scores de QI inférieurs à ceux qui vivent avec une faible exposition », ainsi qu'à une étude pilote qui a permis de constater que 51 enfants chinois souffrant de fluorose dentaire sévère avaient de moins bons résultats aux tests d'intelligence.

Le fluorure que l'on ajoute dans l'eau potable

Dans de multiples villes d'Amérique du Nord, le fluorure est ajouté depuis des décennies dans l'eau comme moyen de lutter contre la carie dentaire.

Au Québec, cette pratique est toujours en cours dans l'ouest de Montréal, à Pointe-Claire et Dorval, ainsi qu'à Saint-Romuald, un quartier de Lévis.

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Des résidents des municipalités de Châteauguay, Saint-Georges, Mercier et une partie de Sainte-Martine mènent actuellement un combat pour que l'eau ne soit plus fluorée dans chez eux, rapporte l'organisme Eau Secours, qui a souvent été appelé à appuyer les luttes citoyennes. Récemment, après un long combat de six ans, Trois-Rivières a laissé tomber la fluoration de l'eau.

Dans un document de 2006 du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec qui aborde la santé dentaire, signé par Philippe Couillard, alors ministre de la Santé, on indiquait comme objectif que « 50 % de la population du Québec aient accès à de l'eau potable dont la concentration en fluorure est optimale ». Il n'y était question que de promotion de la fluoration, car il s'agit d'une compétence municipale.

Cet objectif n'a jamais été atteint, même qu'on observe une tendance à la baisse, indique la porte-parole d'Eau Secours, Martine Chatelain. Elle assure que l'organisme est « tout à fait d'accord » avec les citoyens qui ont peur du fluor et qu'elle ne comprend pas la démarche de santé, publique puisque « d'autres façons de traiter la carie dentaire sont possibles ».

Elle cite au chapitre des risques de la fluoration de l'eau la fluorose (des taches sur les dents) et autres problèmes buccaux. Elle ajoute que le fluor s'accumule dans les tissus mous, qu'il peut être dangereux pour les gens diabétiques ou qui ont des problèmes rénaux. Une étude de 2015 a établi un lien entre fluoration et un taux plus élevé de la maladie de la glande thyroïde.

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Mme Chatelain parle également d'un risque de développer le cancer des os – ce que la Société canadienne du cancer nuance, assurant qu'aucun lien clair n'a été établi par les nombreuses études sur la question, mais qu'un « corpus restreint et très précaire de données scientifiques évoque une relation possible entre l'exposition à des concentrations élevées de fluorure dans l'eau potable et l'ostéosarcome (un type rare de cancer des os) chez les garçons de moins de 19 ans ».

Pas un argument de plus

Selon la porte-parole d'Eau Secours, l'étude récente sur la baisse de QI ne viendra pas vraiment soutenir la lutte pour la défluoration de l'eau, car « toutes les preuves possibles que c'est un produit qui est dangereux » sont déjà sur la table. « Le gouvernement ne s'est pas montré très sensible à nos arguments », déplore Martine Chatelain.

Elle accuse le gouvernement de mettre de l'avant de vieilles études. « On leur a demandé de se mettre à jour et on voit encore sur le site des choses très anciennes et obsolètes. »

Le fluorure ne fait pas consensus dans le domaine scientifique en ce qui a trait aux risques et à son efficacité. Une étude de 2005 indique clairement que la fluoration de l'eau permet de « réduire substantiellement à la fois la prévalence et l'incidence des caries dentaires ».

Mais Mme Chatelain remet en doute l'efficacité du traitement au fluorure en se basant sur des découvertes plus récentes. Une étude de 2007 relève l'inconstance des résultats des études qui témoignent des bénéfices de cette pratique. Et un article du Globe and Mail de 2010 avançait que le fluor jouait peu dans la prévention des caries chez les enfants ontariens.

Pour parvenir à ce constat, on mettait en opposition l'Ontario, qui était alors la province où l'eau était la plus fluorée, et le Québec, qui avait un des plus bas taux de fluoration au pays. En comparant les deux provinces, on a remarqué que « le produit chimique prévenait moins d'une demi-carie par enfant en Ontario ».

« On ne sait plus trop quoi faire, parce que ça se bat à coups d'études », laisse tomber Mme Chatelain.