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Un nouveau système d'impression 3D permet de fabriquer des médicaments à la demande

Il sera peut-être bientôt possible de fabriquer ses médicaments sur requête dans les cabinets médicaux, les hôpitaux et même l'espace.
Image : Kitson et al.

L’industrie pharmaceutique est l’image même de la centralisation. Après tout, elle est installée sur des fondations plutôt raides : brevets soigneusement façonnés, encadrement légal intense, méfiance des régulateurs, infrastructures de fabrication de produits chimiques coûteuses. De fait, l’industrie pharmaceutique est lente. Et c’est pour ça que la distribution des médicaments un processus moins réactif qu’anticipateur.

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À grande échelle (epistémologique), ce genre de système a tendance à fonctionner. Malheureusement, les besoins en médicaments ne sont pas toujours aussi importants que leur industrie. Les épidémies sont souvent soudaines et confinées ; dans les zones pauvres et rurales, cela peut signifier que l’accès à des traitements considérés comme banals dans des zones plus développées est limité ou complètement coupé.

Philip Kitson et ses collègues de l’université de Glasgow ont développé un nouveau système d’impression 3D qui pourrait permettre de fabriquer des cachets à la demande et à proximité des individus qui en ont besoin. Matériel nécessaire : une imprimante 3D à 2 000 dollars et l'énoncé de spécification du médicament à produire, c’est-à-dire une description de son procédé de manufacture. Le logiciel développé par l’équipe de Kitson utilise ces renseignements pour guider l’imprimante dans la confection du matériel qui produira le médicament en question.

L’imprimante 3D elle-même ne produit pas de médicaments ; elle fabrique des machines (des micro-réacteurs, pour être exact) qui les produiront. Une méthode décrite en détail dans le dernier numéro de la revue Science.

“Nous proposons un concept dans lequel la production à grande échelle de substances chimiques complexes, notamment les IPA (ingrédients pharmaceutiques actifs, ndlr), est augmentée à l’aide d’un système de production basé sur des cartouches autonomes. Il est distribué, localisé et demande peu d’interactions avec l’utilisateur pour fabriquer les produits désirés” affirme l’introduction de l’article.

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“De cette manière, nous espérons dépasser les privilèges de la manufacture industrielle et des applications de prototypage, révolutionner la relation qui lie design, production et opération d’appareils fonctionnels et exploiter la place toujours plus importante de l’impression 3D dans l’automatisation des sciences chimiques.”

Le coeur de ce nouveau système est moins son matériel que la génération de recettes standardisées pour la production de médicaments spécifiques. Les procédés de synthèse de substances actives utilisés à grande échelle sont transformés en workflows simples et progressifs. “Traduits” par un logiciel spécial, ce sont ces derniers qui sont utilisés par l’imprimante 3D pour concevoir les micro-réacteurs. En guise de preuve de concept, Kitson et son équipe ont produit du baclofène, un relaxant musculaire, à l’aide d’un procédé à trois étapes.

Dire que le potentiel de cette technique de production est grand serait faire un euphémisme.

“Il est désormais possible d’accomplir une synthèse multi-étapes du baclofène à l’aide de cet appareil prêt-à-l’emploi, ce qui ouvre la voie à la création à la demande de molécules complexes comme les IPA dans les hôpitaux ou même les cabinets médicaux, écrit Christian Hornung, un chercheur en ingénierie chimique d’origine australienne, dans un commentaire indépendant pour Science. Ces scénarios de productions pourraient également comprendre des lieux reculés, des synthèses de médicaments personnalisés, des productions à petite échelle de substances actives abandonnées, ou même des missions spatiales.”

Évidemment, certains problèmes de réglementation doivent encore être réglés. Cependant, difficile de trouver une industrie qui mérite plus d’être bousculée que l’industrie pharmaceutique.