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Instagram est le nouveau terrain de jeu des dealers

Aujourd'hui, trouver un dealer, c'est simple comme un hashtag. Plutôt #weed, #cocaine ou #mdmazing ?

Des chats, du food porn, des selfies et des kilos de drogue. Voilà ce que l'on peut désormais trouver sur Instagram. La vente 2.0, c'est le nouveau credo des dealers connectés. Une enquête du Guardian parue le 7 avril inquiète les autorités britanniques, et il y a de quoi. En cliquant sur certains hashtags, le réseau social de partage de photos se retrouve soudain inondé par des centaines de clichés de cannabis, de MDMA ou encore de cocaïne.

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Internet a changé notre manière de vivre. Plus besoin de se lever de son canapé pour se faire livrer à manger, se faire faire une manucure ou espionner son ex. Cet avènement a vite donné des idées à des petits malins, dealers professionnels ou en recherche active d'un nouveau boulot, qui espèrent faire prospérer leur commerce de drogue en ligne.

Trouver son dealer, c'est aussi simple qu'un hashtag. En tapant le bon mot-dièse, Instagram devient une sorte de Trainspotting en ligne. Plus de 10 millions de publications pour le hashtag #weed, 4.5 millions pour #cannabis, plus de 350 00 pour #cocaine et quelque 150 000 pour #mdma. Après une rapide recherche, il suffit ensuite de contacter le propriétaire du compte en message privé et le tour est joué. En trois clics sur le hashtag #mdmazing, j'ai réussi à trouver un dealer d'ecstasy en Californie, qui m'a proposé en message privé une livraison à domicile.

Pire encore, certains utilisateurs qui filment leur défonce et qui la postent sur Instagram sont directement contactés par les dealers via le réseau social. Pourquoi ne prospectent-ils plus dans la rue, comme ils l'ont toujours fait ? « Les trafiquants de drogue se lancent sur ces plateformes et applications, populaires auprès des jeunes », explique le Guardian. Exit, donc, la bonne vieille technique du bouche à oreille, où on se refilait le numéro de son dealer sous la table. Les dealers ont jeté leurs Nokia 3310 pour s'équiper d'iPhone 6 flambants neufs et devenir des revendeurs de la génération Z. Une fois le contact et le prix établi sur Instagram, l'échange d'argent se fait en face-à-face ou via des plateformes de paiement en ligne. Une toute nouvelle façon de dealer et de payer avec des Bitcoins, réputés indétectables par les autorités, et qui a été rendue populaire avec le film Dope.

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Sur Instagram, tous ne sont pas là pour dealer. Les fervents consommateurs y voient une manière plus simple et moins dangereuse de se fournir en diverses drogues. Car sur le réseau social, on ne trouve pas seulement des drogues illégales mais aussi des médicaments dont les prescriptions sont dures à se procurer. Xanax, oxycodone, Adderall… tous ces stupéfiants, anxiolytiques, anti-inflammatoires puissants sont vendus sur le marché noir qu'Instagram est devenu. Et si certains utilisateurs se défendent d'en faire le commerce, un simple message privé suffit à prouver le contraire. Le danger devient double quand on ne sait pas de qui vient son produit. Car comme dans tous commerces lucratifs, la drogue est sujette à la contrefaçon. Des dealers puristes sont là pour en témoigner et dénoncer des comptes concurrents qui vendraient de fausses drogues en ligne. Difficile de démêler le vrai du faux et de savoir si on gobe de la bonne ou de la mauvaise came.

Plus inquiétant encore, le Guardian a interviewé des jeunes de la communauté LGBT anglaise qui affirment se fournir en hormones pour effectuer leur changement de sexe au marché noir, sur Instagram. Une technique que certains estiment plus simple que de passer par la voie légale du National Health Service, la Sécu britannique. Là encore, les déconvenues sont nombreuses car il est impossible d'avoir la certitude que le traitement est le bon.

Du côté d'Instagram, le discours est strict et sans appel : « Vendre ou acheter de la marijuana ou d'autres drogues va à l'encontre de nos conditions d'utilisations », rappelle le porte-parole d'Instagram. « Nous encourageons quiconque aurait accès à du contenu illégal à le signaler via notre outil en ligne. » L'application compte donc sur ses utilisateurs pour faire le ménage.

Mais comment contrôler Internet ? Quand un compte est fermé, un autre identique est immédiatement créé. Un casse-tête pour les autorités britanniques qui prennent ce nouveau trafic très au sérieux même si elles se retrouvent face à un défi qu'elles vont avoir du mal à relever.« Le monde digital a transformé la disponibilité des drogues et nous devons nous adapter à ces challenges », confie un porte-parole du Conseil national de la police. Karen Bradley, secrétaire d'État britannique en charge des questions de prévention tente de rassurer : « Le gouvernement travaille avec les fournisseurs d'accès Internet afin d'assurer qu'ils respectent la loi. Le cas échéant, cela peut conduire à la fermeture de sites Web basés au Royaume-Uni s'ils y commettent des infractions ».

Instagram ne serait pas le seul réseau social où le trafic de drogue fait rage ; les dealers auraient déjà mis la main sur Tinder pour ce juteux commerce. Une information difficile à vérifier puisque l'application propose des profils au hasard autour de nous. Mais il est impossible d'avoir des résultats ciblés en couplant des hashtags comme #cannabis ou #cocaine et des localisations. On pourrait donc imaginer swiper à l'infini pour trouver le dealer le plus proche. Il ne reste plus qu'à espérer que votre voisin soit un Walter White en herbe.