Le guide Noisey pour aller à un concert tout seul

Et voilà, tu vas à un concert tout seul. Comment en es-tu arrivé là ? Peut-être que personne n'avait envie de se fader ce groupe de post-freak-folk jazz dont tu respectes tellement le niveau de shredding que tu as fini par complètement zapper le fait qu'ils craignent à 200 %. Peut-être que tu as réussi à avoir ton nom sur la liste, mais que tu n'as pas pu avoir un +1 parce que les orgas ne savent de toute façon pas vraiment pourquoi tu es invité à la base. Ou peut-être que c'est juste la période de l'année où tu as zéro potes. Quelle que soit la raison, tu es en plein milieu d'un concert, entouré de gens heureux, et tu es complètement, totalement, purement et simplement seul. C'est cool. Ça roule? Tout roule. Ça ne se terminera pas forcément en expérience ultra-déprimante. Il te suffit de suivre ces cinq étapes simples pour qua ta soirée devienne une véritable nuit de délices.

Débarrassons-nous d'emblée de l'étape la plus évidente. Bon, les écrans, c'est plutôt cool, c'est sûr. Je pige le truc, juré. J'en ai un aussi. Les écrans nous permettent de nous amuser de plein manières différentes. Et si t'es assez futé pour savoir où et quand sortir ton bouzin, ils peuvent également devenir le raccourci le plus direct entre toi et toute une flopée de personnes cools, talentueuses et célèbres. Personnes que tu ne rencontreras jamais, avec qui tu ne traîneras jamais et qui ne te fileront jamais de job, soit dit en passant. Par contre, les écrans ne te feront pas de cadeau en concert. Tu vas sans doute me dire que l'écran va t'éviter de te faire chier comme un rat mort pendant les interplateaux. Mais je te répondrai : mauvais plan. Pourquoi mauvais plan ? Parce qu'on se fait TELLEMENT chier comme un rat mort pendant les interplateaux qu'on est techniquement prêt à taper la causette à n'importe qui. Et ce n'importe qui peut, potentiellement, être quelqu'un de super intéressant. Genre un inventeur. Ou un astronaute. Ou le community manager d'une société d'imagerie 3D qui crée des simulations pour les DVDs du Code de la Route. Qui sait, peut-être même vas-tu te retrouver à discuter avec ta future moitié ? Ou avec un type qui va chez le même dentiste que toi, putain, quelle coïncidence, dingue non ? Trouve quelque chose, n'importe quoi, mais pas un écran. Parce que les écrans ne sont pas la vraie vie. Il fallait que quelqu'un te le dise et, Dieu merci, c'est moi qui te l'ai dit. (N.B: Ah au fait, si tu mates ton écran carrément pendant le concert, c'est pas la peine de te radiner)

On s'en fout. On s'en fout. On s'en fout on s'en fout on s'en fout que tu sois tout seul à un putain de concert. Je ne soulignerai jamais assez l'importance de cette règle, mais je viens de la répéter plusieurs fois, alors essaye de t'en souvenir. La majorité des personnes présentes ne pigera même pas que tu n'es pas venu accompagné de quelqu'un à qui parler. La plupart des gens seront de toute façon trop occupés à documenter le kif qu'ils sont en train de se payer via leur écran, pour ensuite l'uploader sur l'interweb mondial pour tous leurs amis talentueux et cools qu'ils n'ont jamais rencontré et qui scrolleront trop rapidement pour voir l'upload en question. T'as beau avoir l'impression d'être comme deux ronds de flan au milieu du désert, je te promets qu'ils ne te calculeront absolument pas. Pourquoi ? Je suis désolé de te l'apprendre, mais les gens peuvent-être assez égocentriques. Et puis, si jamais il y a deux ou trois péquenots qui remarquent que tu es tout seul au concert, ils s'en branleront complètement. Pourquoi ? Ben, parce que tout le monde s'en branle, en fait. « Ha! Regarde ce naze, il est tout seul. »
« Ouais ! Ce naze a même pas de potes. Ha ha! Foutons-nous de la gueule de ce naze encore un peu, ok? » Ce genre de truc n'arrive jamais. Tout le monde s'en méga-branle. C'est sûr, si tu réfléchis à ça comme si c'était super-grave, tu vas finir pas te faire un sérieux mouron. Le cosmos est si grand. Et nous sommes si petits. OU BIEN, tu peux appliquer cette règle du « On s'en branle ». Ça te permettra de faire ce que tu veux de ta foutue vie et de devenir un personne heureuse, confiante, et affable. Donc réfléchis à la possibilité d'effacer immédiatement et une bonne fois pour toutes cette angoisse de tes vibrations binaurales. Si tu comptes oublier tout ce que je raconte dans cet article, fais au moins en sorte de ne pas oublier ça. Tout le monde. S'en. Branle*.

(*Sauf peut-être 3 personnes - tu vois de qui je parle)

Picoler, ça coûte du fric. Si tu fais attention à ton budget (= si tu es pauvre) comme moi, tu sais que les consos s'empilent assez vite. A fortiori quand ce sont des pintes de bière tiède coupée à la flotte vendues au prix d'une course en taxi. Si tu te pointes aux concerts pour assécher le bar plutôt que pour voir les mecs qui jouent, tu seras plus à l'aise chez toi, en slip, sur ton canapé, à chiller devant une horreur que tu auras téléchargé grâce à ton écran (Frasier. Saison 6. D'un trait.) Si tu es seul à un show, il y a des chances que tu sois en train de licher juste pour ne pas mourir d'inanition entre deux groupes, vu que tu as déjà utilisé le joker « écran » et que tu as atteint la Bordure Extérieure d'Internet (cf. Astuce #1). Dans ce cas, va tailler le bout de gras avec quelqu'un. C'est clairement beaucoup moins cher que de te mettre une race au bar. Cela dit, si l'argent n'est pas du tout un problème pour toi, cool ! Hé, ça te dit qu'on aille à un concert ensemble un de ces jours ? Tu pourras me raconter ta vie. Tu pourras aussi me payer un coup. Voire plusieurs coups.

Devine quoi ? T'es tout seul, là. Si tu kiffes pas les pures vibez que le groupe balance depuis la scène, rentre chez toi. Tu n'es même pas obligé d'évoquer la possibilité d'un départ précipité (4 à 7 minutes avant le dit départ) à qui que ce soit. Et tu n'as pas à te métamorphoser en un gros mytho. Ça arrive parfois. Tu veux te tirer mais tu veux aussi éviter de devoir supporter la tronche déconfite de ton pote de concert au moment où tu déclares tes intentions, donc à la place, tu dis que tu vas essayer de trouver les chiottes, en sachant que « chiottes » signifie « taxi ». T'en fais pas trop, même si demain matin tu te réveilleras en te répétant que tu es une personne horrible et pas digne de confiance du tout. Faudra juste faire un effort et ne plus recommencer. T'es pas obligé de faire cet effort ce soir. T'es en solo. Tu veux te tirer après le premier morceau parce que ton écran a déjà posté par inadvertance cette photo avec un filtre vintage qui montre à tes amis virtuels à quel point tu t'amuses ? Eh ben, vas-y. T'as le droit. Personne ne saura que tu as baissé les bras à 20h30. Et personne ne te balancera, puisque tu t'es venu tout seul.

Si tu vas à un concert avec d'autres gens et tu réaliseras assez rapidement qu'à peu près tout le monde voudra se tirer aussi et que tu angoisseras de devoir trouver une excuse quand même. « Je suis claqué. »
« Je dois me lever tôt et faire des trucs méga-importants sur ma phablet demain. »
« J'avais un scoliose quand j'étais enfant, et mon dos me fait toujours super mal quand je regarde un groupe pourri. »
« Je suis encore bourré, je dois… Euh… Rentrer… À la maison…. Et arroser… Mon chat. »
« Je suis en train de procéder à une destruction irrévocable de mes tympans, là tout de suite. » Des excuses. Grâce à elles, la Terre tourne rond (et tout le monde a le tournis et la gerbe du même coup). Reste. Tiens le coup. Surmonte l'épreuve. C'est ce que font les champions. Tu es à un concert tout seul, non ? Tu es un champion. Voilà les 5 astuces. J'espère que tu t'en souviendras la prochaine que tu iras à un concert en solo. Et si tu ne l'a jamais fait, essaye. Je le fais tout le temps en ce moment, vu que je me suis brouillé avec mes potes et que j'en ai pas encore trouvé d'autres. Je te dis, c'est vraiment top*. (*Quand c'est pas complètement déprimant). Patrick McNamara gère le site de reports et annonces de concerts Oh My Rockness. Il ne veut pas se la raconter, mais il a une TONNE de +1 non utilisés. Il est sur Twitter - @ohmyrockness