FYI.

This story is over 5 years old.

LE NUMÉRO PEINE DE MORT

Video Games Killed the Radio Star

Quelle merde la rentrée : tous les jeux que j’ai touchés – à part GTA V, ça me fait mal de le reconnaître – m’ont laissé un goût de sel de mer dans la bouche.

DRAGON'S CROWN
Éditeur : NIS
Plates-formes : PS3, PS Vita

Quelle merde la rentrée : tous les jeux que j’ai touchés – à part GTA V, ça me fait mal de le reconnaître – m’ont laissé un goût de sel de mer dans la bouche. Ça a commencé par Beyond: Two Souls. Putain, quelle merde ! J’avais déjà pas aimé Heavy Rain, ce faux non-jeu pour mecs qui préfèrent quand même jouer aux vrais jeux. Ça partait bien puis non, il avait fallu que ça vire au polar post-Seven, comme à peu près 100 % des très mauvaises séries policières apparues sur Terre ces quinze dernières années. J’envisageais cependant Beyond d’un bon œil parce que j’avais l’impression que l’inspiration principale du jeu était Stephen King, et que, comme je suis entré dans une phase régressive de ma vie, ça me plaisait bien de me replonger dans l’écriture mongole du « roi de l’horreur ». Mais, nah. Encore une fois, David Cage se retrouve le cul entre deux chaises, incapable d’imposer quoi que ce soit au joueur – film interactif ou jeu vidéo ? – en livrant un truc trop laborieux pour être un bon film interactif et beaucoup trop directif pour être un bon jeu. CHIANT ! Dégoûté, mais surtout empli de cet esprit régressif que j’évoquais plus haut, j’ai décidé de me lancer dans Dragon’s Crown, un bon héritier débile de Golden Axe, le tout en écoutant la BO de Phantasm, ce film d’horreur 80s esthétisant où le personnage principal est une boule. Parce qu’en effet, je suis complètement con en ce moment. Manque de bol, malgré ses qualités (pur boulot, bon esprit, etc.), le jeu n’a fait que me renvoyer le reflet de ma propre vieillesse, et pour cause : je me consacre bien trop à ma régression en ce moment. Je continue d’y jouer malgré tout parce que je reconnais qu’il sait donner l’envie d’arpenter des donjons regorgeant de boss grotesques, mais j’y joue toujours avec honte – alors qu’écouter la BO de Phantasm, acte moralement plus grave, me procure de la jouissance. Vieux, révolté, régressif, j’ai donc décidé de me réconcilier avec les jeux PC – un pas vers l’avant, me suis-je dit – que je conspue depuis 20 ans parce que je considère qu’un ordinateur doit exclusivement servir à des activités destinées à faire avancer l’humain – Excel, Facebook, Paint. J’ai donc téléchargé Gone Home, une de ces « petites merveilles indé » recommandée par les critiques les plus exigeants. Sur le papier, le jeu avait l’air extraordinaire, mais sur l’écran de mon ordi (vieux de seulement cinq ans) le jeu avait l’air d’une bouillie marron-beige laissant à peine apparaître un décor en focale négative dès que j’avais le malheur de bouger ma souris. Message aux nerds du forum de photo Chasseurs d’Images : je comprends désormais votre désarroi. Je comprends que vous aussi fermiez votre laptop avec véhémence, las, plus régressifs que jamais, maudissant l’humanité pour les quarante années à venir parce que le monde n’est pas toujours en H-D. Mais on ne m’y reprendra plus, et vu la défiance vis-à-vis de l’industrie vidéoludique provoquée par cette rentrée, il n’est même pas sûr qu’on me reprenne à jouer à un jeu vidéo, à moins qu’un éditeur se décide à sortir une simulation de coinche [NOTE AUX ÉDITEURS : je parle bien de COINCHE, le jeu de cartes, et pas de « CINOCHE » !] digne de ce nom, seul projet dont j’aimerais voir la naissance sur console next-gen ces 600 prochaines années.

TYPE : RIDER
Éditeur : Bulkypix
Plates-formes : iOS, Android Certains voient la vie comme une somme de surprises ; je la vois comme une somme de frustrations. Certains croient en la bonté des gens ; moi, leur médiocrité me plombe. Ainsi, il y a deux ans, je m’étais retrouvé au ministère de la Culture où Frédéric Mitterrand annonçait en grande pompe l’effort dont ses bureaux allaient redoubler afin de soutenir l’industrie du jeu vidéo français. Le rendez-vous était aussi improbable que de se retrouver dans les murs d’un ministère de la République entouré de nerds en tee-shirt Call of Duty, mais ça m’avait permis de profiter d’une vue imprenable sur les jardins du Palais Royal et de me faire brancher par un étudiant des Gobelins qui venait de présenter un jeu iPhone mettant en lumière l’histoire de la typographie. Deux ans plus tard, Arte a édité le jeu. Il y a deux ans, moi j’ai essayé de vendre des portraits de créateurs de jeu à Arte et je me suis heurté à un mur catégorique : « Les jeux vidéo ne nous intéressent pas. » Tout ça pour dire un truc : je suis peut-être plus médiocre que je le pensais, et aussi : ce jeu sur l’histoire de la typographie est une somme de surprises.