Life

De l’enfer de se débarrasser d’une invasion de nuisibles

« Les souris n'étaient pas seulement dans notre appartement, elles étaient aussi dans nos têtes. »
Alessandro Pilo
Budapest, HU
Sandra  Proutry-Skrzypek
Paris, FR
souris cafards puces punaises
Illustration : Juta.  

Dans un monde idéal, votre appartement serait un sanctuaire, un abri loin de toutes les merdes de la ville. Mais il arrive parfois que de petites bêtes trouvent votre espace un peu trop accueillant, surtout en hiver. Les cafards, les souris, les punaises et les puces peuvent faire de votre vie un véritable enfer. Une fois à l'intérieur, ils se reproduisent en masse et prennent rapidement le dessus. Et contrairement à la croyance populaire, cela n'arrive pas seulement dans les appartements sales et mal entretenus.

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Il est très stressant de lutter contre ces ennemis invisibles et invincibles, surtout si vous n'avez pas le budget nécessaire pour vous faire aider par des professionnels. J'ai demandé à quelques personnes qui sont passées par là de partager leurs histoires d'horreur.

Leonardo et les cafards

« Un jour, alors que je préparais du café dans mon appartement à Rome, j'ai vu quelque chose bouger rapidement au pied de ma machine à café. Au début, je n'y ai pas fait attention. Mais le lendemain, j'ai revu la chose, sauf que cette fois, c'était des choses et elles bougeaient encore plus vite. En une semaine, la situation est devenue incontrôlable. Toute la cuisine était infestée par des blattes rayées, aussi appelées blattes à bandes brunes. 

Ma première réaction a été de paniquer. J'ai nettoyé l’appartement de fond en comble, plusieurs fois. J'ai répandu de la poudre d'insecticide partout. J'ai tué tous les cafards que je pouvais trouver, j'ai bouché toutes les fissures dans les murs et mis ma machine à café en quarantaine dans un sac en plastique sur mon balcon. 

Cela n'a servi à rien. Les cafards continuaient à rôder effrontément dans ma cuisine, même pendant la journée. Quand j'en ai vu un sur le plafond de ma chambre, j'ai failli avoir une crise de nerfs. Après de longues nuits de recherche en ligne, j'ai trouvé un forum qui recommandait d’utiliser du gel anti-cafards. C’est cher, mais ça vaut le coup. 

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Le gel a fait une énorme différence. Je voyais enfin la lumière au bout du tunnel, alors j'ai pensé qu'il était temps de ramener la machine à café et de bien la nettoyer. J'ai ouvert le sac et j'ai vu quelques cafards morts. Puis, j'ai remarqué que certains d'entre eux étaient vivants. Complètement horrifié, j'ai secoué la machine à café et une trentaine de cafards ont plu sur le sol : des grands et des petits, des vivants et des morts.

Je ne verrai plus jamais une machine à café de la même façon. D'ailleurs, vous devriez aller vérifier la vôtre. » 

Giampiero* et les punaises de lit 

« En 2008, je vivais dans le quartier de Raval, dans la vieille ville de Barcelone, qui était complètement infesté de cafards et de punaises de lit. Un jour, mes colocataires et moi avons trouvé des morsures sur nos corps. Elles ont gonflé et se sont transformées en bosses rouges qui démangeaient. Au début, nous avons pensé que c'était des moustiques, mais il y avait aussi du sang sur nos draps et nos oreillers.

Il nous a fallu un moment pour comprendre que c'était des punaises de lit. Nous avons jeté nos matelas, nos lits et beaucoup de vêtements. Une nuit, nous avons tous été réveillés par des démangeaisons sur nos bras. C'est la première fois que nous avons vu ces créatures répugnantes dans nos lits. Même si nous aimions vraiment cet appartement, nous avons dû le quitter à contrecœur.

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Outre les horribles morsures, leur présence a eu un impact psychologique sur nous. On ne se sent pas en sécurité dans sa propre maison. On s'endort inquiet et on ne pense qu'à ce qui va se passer la nuit. Aujourd’hui encore, je déteste tous les insectes. »

Alessandro et les souris 

« À l’époque, je venais d'emménager dans un appartement du centre historique de Porto avec mon ex. Une nuit d'hiver, j'ai entendu quelque chose bouger dans l'obscurité. Le lendemain, nous avons trouvé des excréments dans le garde-manger et dans nos couverts, ainsi que quelques paquets de nourriture déchirés. C'était assez dégoûtant et nous avons dû tout jeter. 

Quelques heures plus tard, ma copine a trouvé une souris sous son pull. À partir de là, le simple fait d'ouvrir un tiroir nous rendait anxieux. La propriétaire a envoyé un type qui a colmaté toutes les fissures de l'appartement. Mais apparemment, il était déjà trop tard – elles étaient déjà à l'intérieur. Chaque matin, nous devions nettoyer une cinquantaine d'excréments et tout l'appartement sentait l'ammoniaque. 

Mais les souris n'étaient pas seulement dans notre appartement, elles étaient aussi dans nos têtes. Savoir qu'un animal vous observe et attend le bon moment pour fouiller dans vos affaires, ça vous rend paranoïaque. Vous les voyez partout. Vous les entendez sous votre lit la nuit. Vous n’arrivez plus à dormir, ce qui devient une torture à long terme. 

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Il est difficile de s’en débarrasser. Si vous les prenez au piège et les relâchez, elles retrouveront le chemin de votre maison – du moins d'après ce que j'ai lu en ligne. De plus, les groupes de défense des animaux affirment qu'elles mourront de faim ou de soif à l'extérieur, ou qu'elles seront mangées par des prédateurs.

D'un autre côté, le piège mortel ressemble à une véritable torture médiévale. Ces feuilles collantes provoquent une mort si lente et si douloureuse que la souris tente souvent de s'amputer de ses propres membres pour se libérer. Le poison provoque des hémorragies internes. Mais au bout d’une semaine, toute considération morale ou éthique avait disparu. 

Nous avons tout essayé. Nos appâts sont toujours restés intacts. Pendant des mois, nous avons vécu en mode alerte, au point de monter la garde devant la fenêtre chaque fois que nous voulions aérer un peu. Puis les souris sont parties comme elles étaient arrivées – de nulle part. »

Alessandra* et les puces 

« Une fois, j'ai hébergé une amie et son chien. Je leur ai laissé le lit de ma colocataire qui était partie en vacances, même si je savais qu'elle n'aurait jamais accepté. Je pensais qu'elle ne le découvrirait jamais.

Une semaine plus tard, ma colocataire est revenue. Elle s'est réveillée au milieu de la nuit avec des marques sur les poignets et les chevilles. Après quelques recherches sur Internet, elle a pensé qu'il s'agissait peut-être de puces. J'ai essayé de le nier, mais la vérité a éclaté au grand jour. 

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À ce moment-là, l’appartement était complètement infesté. Les puces pondent environ quinze œufs par jour et, dans un petit espace, elles peuvent facilement se propager sur le tapis, les meubles et les vêtements.

 Nous avons fait venir un désinsectiseur, ce qui nous a coûté 150 euros avec une réduction. Il nous a dit de quitter l’appartement pendant une semaine et a pulvérisé du pesticide partout. Quand nous sommes revenues, tout était collant et couvert de poison. Nous étions fatiguées, mais soulagées que le problème ait été résolu rapidement. 

Mais deux semaines plus tard, les puces étaient de retour. Face à une deuxième vague, nous étions plus pessimistes. Nous avions déjà lavé tous nos vêtements et en avions jeté quelques-uns, mais cette fois-ci, nous nous sommes débarrassés de tout ce qui était jugé « non essentiel » pour éliminer les éventuelles cachettes. Nous avons tout scellé dans des sacs-poubelles et nous avons enveloppé les meubles dans du film plastique. Lorsque nous avons terminé à minuit, nous étions tellement épuisées que même nos trousseaux de clés avaient accidentellement fini à la poubelle. 

Nous avons acheté un produit chimique très puissant que nous avions trouvé en ligne et nous avons tout nettoyé de fond en comble. Nous avons bombardé l'appartement avec de l'insecticide tout en gardant nos fenêtres fermées. Après deux ou trois jours, nous avons tout recommencé. 

En fin de compte, notre méthode de nettoyage a fonctionné, même si ma colocataire a continué à avoir des quintes de toux. Cette expérience m'a appris à bien réfléchir avant de dire oui.

*Les noms ont été modifiés.

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