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Pourquoi autant d'hommes se reniflent-ils les couilles ?

L'entraîneur allemand Joachim Löw n'est pas un cas isolé. Voici pourquoi autant d'hommes se sentent obligés de se sentir l'entrejambe.
Screenshot: Youtube

Même les hommes les plus élégants ont bien du mal à cacher le fait qu'ils descendent des primates. Dimanche dernier, l'entraîneur de l'équipe d'Allemagne Joachim Löw s'est longuement plongé la main dans le pantalon, avant de la renifler avec un plaisir non-feint. C'est un habitué de ce genre de comportements : il lui arrive régulièrement d'être filmé en train de manger ses crottes de nez, mais aussi de se renifler. Et manifestement, ça ne change pas au cours des grandes compétitions internationales.

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L'attaquant allemand Lukas Podolski, en conférence de presse, est venu au secours de son entraîneur en se montrant franc et direct : « à mon avis, 80% d'entre vous se reniflent les couilles, et moi aussi d'ailleurs. Et c'est parfaitement ok ! » S'il le dit, c'est que ça doit être vrai.

Dans la foulée, il s'est passé deux choses. D'abord, une discussion sobrement intitulée « Pourquoi les mecs aiment se gratter les couilles et sentir leurs doigts ensuite ? » est apparue sur Reddit. Ensuite, on n'a pu que constater que les premiers résultats de recherche liés à Löw sur Google renvoyaient tous à cet épisode.

Il n'y a que les hommes qui aient une telle passion pour l'odeur de leurs propres parties génitales. Dans les discussions sur le sujet qu'on trouve sur Internet, les confessions s'accompagnent parfois de tentatives d'explication : « je me gratte les couilles, je sens, et comme ça je sais si je dois me laver », dit un homme, tandis qu'un autre avoue que « j'aime l'odeur, tout simplement ». Une autre explication assez répandue veut que les adeptes de cette pratique cherchent à s'assurer que « tout est bien en place. »

Au niveau scientifique, le sujet a jusqu'ici était plutôt négligé. Étonnamment, aucun chercheur ne s'est demandé quelle pouvait être la valeur heuristique de sentir notre propre corps, et il n'existe pas vraiment d'études sur le sujet. Il m'a fallu passer plusieurs coups de fil à des biologistes, des zoologues et des psychologues avant de finalement obtenir une réponse plus ou moins satisfaisante.

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« Les hommes se reniflent souvent les mains, mais la plupart du temps ils ne s'en rendent même pas compte », explique le zoologue Konrad Lehmann, de l'université d'Iéna. Quand je lui rétorque que « moi, je ne le fais pas », il me répond sèchement : « vous en êtes sûre ? »

« Une étude a monté qu'après une poignée de mains avec une personne du même sexe, les hommes ont tendance à se sentir la main droite, alors qu'après avoir serré la main d'une personne de l'autre sexe ils se sentent plutôt la main gauche », poursuit Lehmann. On ne sait pas encore exactement pourquoi, sur le plan biologique, mais l'étude menée par les neuroscientifiques Idan Frumin et Noam Sobel l'interprète comme une forme d'auto-examen. Le fait qu'on sente plutôt la main inutilisée après avoir serré la main d'une personne du sexe opposé tient, selon les chercheurs, à l'exigence de découvrir avant tout les odeurs de notre propre sexe.

Une autre explication possible peut à l'inverse être exclue : dans la plupart des cas, le geste de se sentir les mains en lui-même n'a rien d'embarrassant, c'est scientifiquement prouvé. Il y a même de bonnes raisons de le faire sur le plan biologique. Se renifler la main, chez les êtres humains, participe de la connaissance de soi et permet de se prendre comme point de comparaison pour des situations et des rencontres futures. Se toucher les parties génitales sert à renforcer l'odorat, car c'est là (et sous les aisselles) que se trouve la majeure partie des glandes odoriférantes. Au final, les êtres humains se reniflent de façon plutôt intensive.

Du point de vue de la biologie évolutive, il y a même une autre hypothèse : « chez les primates, les odeurs servent à tester les affinités sexuelles. Pour un individu, sa propre odeur est une unité de mesure de celle de l'autre », explique Peter Kappeler, biologiste et anthropologue au centre d'étude des primates de Gottingen. « Celui qui connaît bien sa propre odeur peut plus facilement mesurer ses affinités avec les autres primates. » En revanche, Kappeler ne sait pas si cela vaut aussi pour les humains.

Il faut dire que par rapport aux autres animaux, les êtres humains n'ont pas un odorat très développé. Les odeurs ont toutefois une grosse influence sur nous. L'odeur des larmes des femmes, par exemple, suscite l'appétit sexuel des hommes, et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres de la manière dont les odeurs agissent sur notre espèce.

Joachim Löw ne sait sans doute pas lui-même pourquoi il s'est touché les couilles avant de se sentir les doigts en plein match. Peut-être est-ce vraiment une habitude héritée de nos lointains ancêtres.