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La résistance aux antibiotiques risque de peser fortement sur le PIB mondial

Les Nations Unies affirment que la résistance aux antibiotiques a déjà de graves conséquences sur notre santé, et sur le PIB des nations.

Nous savions déjà que nous utilisions beaucoup trop volontiers les antibiotiques. Désormais, nous savons aussi que cela nous coûte très, très cher.

Les Nations Unies s'apprêtent à lancer un message d'alerte sur cette menace globale : cette semaine, elles tiennent une assemblée extraordinaire sur la résistance microbienne, afin d'attirer l'attention des décideurs. Selon elles, si rien n'est fait, la santé physique et économique de l'humanité pourrait sérieusement en pâtir.

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Selon un rapport de la Banque Mondiale intitulé « Les infections résistantes aux antibiotiques : une menace économique de premier plan, » les infections résistantes aux médicaments pourraient causer des dommages économiques équivalents à 3.5% du produit intérieur brut (PIB) mondial. Quant aux pays à revenu moyen et faible, ils pourraient perdre jusqu'à 5% de leur PIB. Au total, la perte économique pourrait coûter près de 100 milliards de dollars en 2050 au niveau global.

Le rapport souligne que si la résistance microbienne continue de se propager, plusieurs des objectifs de développement durable de l'ONU (ODD) ne seront pas atteints : mettre un terme à la faim dans le monde, améliorer la qualité et la sécurité alimentaire, développer l'agriculture durable, réduire les inégalités au sein et entre les nations.

L'Assemblée Générale des Nations Unies qui se déroule cette semaine à New York. Image: Patrick Gruban/Flickr

Décrivant la résistance aux antibiotiques comme une véritable « tragédie des biens communs, » le rapport affirme que les antibiotiques sont utilisés trop souvent dans le soin, en élevage et en aquaculture. Même si certains pays en développement, eux, n'ont pas encore un accès suffisamment à cette classe de médicaments, les régulateurs doivent s'assurer que leur usage est raisonnable.

« Les antibiotiques efficaces sont un bien commun essentiel qui a apporté un bénéfice inestimable à l'humanité—or, la diminution de cette efficacité aura un coût proportionnellement aussi important, » explique le rapport. « Quand les antimicrobiens ont commencé à être utilisés en masse, il y a 70 ans, la prévalence des morts par infection a diminué de 80%. Quand ces médicaments ne fonctionneront plus du tout, la prévalence des maladies d'origine infectieuse pourrait retrouver ses niveaux d'antan. »

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Dans le pire des cas, une haute résistance aux antimicrobiens pourrait faire sombrer 28.3 millions de personnes dans l'extrême pauvreté d'ici 2050, la majorité d'entre elles (26.2 millions) vivant dans un pays pauvre. Si ce scénario venait à se concrétiser, les progrès réalisés jusqu'à présent pour éliminer la pauvreté à l'horizon 2030 seront réduits à néant. Nous étions pourtant en bonne voie pour atteindre l'objectif de 3% de personnes pauvres en moins d'ici 15 ans.

« Dans le pire des cas, une haute résistance aux antimicrobiens pourrait faire sombrer 28.3 millions de personnes dans l'extrême pauvreté d'ici à 2050. »

La résistance accrue aux antimicrobiens pourrait également réduire le volume des exportations globales réelles de biens et services entre 1.1 et 3.8%, selon la gravité du scénario. En 2050, le coût global des soins de santé pourrait augmenter de 300 milliards de dollars à plus d'1 milliard de dollars, alors que la production mondiale de l'industrie de l'élevage pourrait diminuer de 7.5% par an.

« Les infections résistantes aux antibiotiques, à la fois chez l'homme et chez l'animal, sont en hausse au niveau mondial, » selon un communiqué de presse de la Banque Mondiale. « Si rien n'est fait, le nombre de maladies infectieuses insoignables va augmenter, ruinant un siècle entier de progrès incroyables en matière de santé publique. »

Les gouvernements pourraient pourtant entreprendre de s'attaquer au problème immédiatement : il faudrait par exemple légiférer sur l'utilisation des antibiotiques dans l'élevage, et la surprescription d'antibiotiques par les médecins. À l'heure actuelle, même les fruits et légumes subissent des pulvérisations d'antibiotiques. Enfin, l'attitude du public face à ces médicaments doit changer afin de contribuer à l'effort global.