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Quand les caméras infrarouges des biologistes filment des humains à poil

Parfois, lorsqu’un chercheur pose des pièges photographiques dans la forêt pour étudier le comportement nocturne des carnivores, il a une petite surprise.
Image: Marcella J. Kelly

Habituellement, lorsqu'un chercheur dispose des caméras infrarouges dans la forêt, c'est pour étudier le comportement d'un animal particulièrement actif durant la nuit. Les gros primates ne sont donc pas sa cible favorite, surtout quand son terrain d'étude est restreint aux forêts d'Amérique du nord. Il n'est est pas moins que, récemment, des étudiants en biologie ont pu filmer une espèce sauvage rare et incongrue : Homo sapiens, à oilp.

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So, anyone else get primate photos like this from forest cam traps. Many more were

Marcella J. KellyOctober 28, 2016

Toutes les deux semaines, une vingtaine de pièges photographiques sont vérifiés par les étudiants de Marcella J. Kelly, professeur d'écologie des populations de carnivores, à la Station Biologique de Mountain Lake à proximité de Virginia Tech.

« L'étudiant a téléchargé le fichier vidéo puis me l'a remis d'un air gêné en disant 'Il y a des trucs un peu bizarres sur celui-là', » explique Kelly. « Il a ajouté : 'je crois que ce sont des gens tout nus. »

Selon Kelly, un promeneur aurait découvert deux des caméras dédiées à l'étude de biologie animale, avant d'enlever ses vêtements et de courir dans l'herbe comme un quadrupède en rut. Chaque caméra a pris une vingtaine de photos de l'individus, dont certaines étaient un peu trop embarrassantes pour être diffusées sur Twitter.

« Dans les zones qui sont habituellement fréquentées par des randonneurs, on obtient parfois des photos de grimaces. Mais d'habitude, les gens n'enlèvent pas leurs vêtements, » ajoute-t-elle.

Lorsque Kelly a tweeté les photos incriminées, d'autres scientifiques ont partagé des récits similaires. Apparemment, le photobomb est un véritable fléau en biologie.

Asia Murphy(@am_anatiala)October 28, 2016

Elly KnightOctober 29, 2016

Roland KaysOctober 29, 2016

Kevyn JuneauOctober 28, 2016

Jalene LaMontagneOctober 28, 2016

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La plupart des stations d'observation étaient situées sur des sentiers de randonnée, des chemins forestiers et des sentiers éducatifs. Chaque piège mis en place par les étudiants de Virginia Tech était éloigné de son voisin d'un ou deux kilomètres. À chaque poste étaient disposées une ou deux caméras. Comme la plupart d'entre elles sont fixées à hauteur de genou, il est normalement impossible d'identifier les promeneurs qui auraient déclenché le système photographique par inadvertance.

Quand ils se mettent nus et à quatre pattes, évidemment, c'est autre chose.

Quand ils ne sont pas en train de prendre des photos d'hommes des bois, les étudiants de la Société de la faune surveillent la Wildlife Society parcourent inlassablement les Appalaches afin d'y étudier la distribution des espèces sauvages. En général, ils s'attendent à voir apparaître des cerfs, des ours, des coyotes, et le lynx roux. La Station biologique du lac chevauche la Jefferson National Forest, où les forêts de feuillus, les ruisseaux de montagne, prairies, les étangs et les marais se succèdent, démultipliant les opportunités d'études biologiques.

Récemment, le groupe a remarqué que le renard gris, une espèce très répandue dans plusieurs régions d'Amérique du Nord, avait subitement disparu de la zone. Selon Kelly, il est possible que la concurrence avec le lynx roux et des coyotes ait eu des conséquences sur ces populations.

Les pièges photographiques sont particulièrement utiles pour étudier les espèces les plus insaisissables. Echimys saturnus, une espèce de rat vivant en Equateur, a ainsi été filmé pour la première fois grâce l'un de ces dispositifs. Les détecteurs de mouvement et les déclencheurs infrarouges fournissent aujourd'hui aux chercheurs une autonomie sans précédent.

« De nombreuses espèces sont très difficiles à trouver et à observer. Ici, nous traquons les animaux depuis 2004, » explique Kelly. « Les caméras infrarouges sont un outil indispensable pour étudier la distribution des espèces les plus discrètes. Avant, nous passions des heures et des heures à leur courir après, en vain. »

Quant au fameux hominidé des Appalaches qui a tant embarrassé le pauvre étudiant en écologie, il ira rejoindre la base de données des biologistes, comme les autres quadrupèdes observés. « On ne sait pas trop quelle description scientifique utiliser pour documenter son cas, » confessent-ils.