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La réalité virtuelle pourrait aider les enfants autistes à évoluer en société

Des chercheurs de Stanford aident les enfants situés sur le spectre autistique à décrypter les émotions d'autrui en utilisant des Google Glass.

Vous pensez que Google Glass, les lunettes en réalité augmentée de Google ayant connu jadis une hype extraordinaire, étaient définitivement mortes et enterrées ? Vous avez à moitié raison. Une équipe de chercheurs de l'Université Stanford leur a donné une seconde vie en les transformant en plateforme d'assistance pour enfants situés dans le spectre autistique, afin d'aider ces derniers à interpréter le comportement d'autrui.

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Lire les expressions faciales des personnes qui nous entourent n'est pas toujours aisé (« Ce type louche est-il en train de me sourire ou de me faire une grimace ? ») ; mais pour les individus victimes des troubles du spectre autistique (TSA), cette activité est souvent affreusement complexe, épuisante, et anxiogène. Or, la difficulté à lire les émotions d'autrui peut avoir des répercussions terribles à l'école, au travail, et pour les relations sociales en général.

Lors du festival scientifique Beakerhead, qui s'est déroulé durant cinq jours à Calgary, le public a pu avoir un aperçu de cette technologie encore en développement, et baptisée Autism Glass. J'étais parmi ceux qui ont pu la tester à cette occasion.

Dans la version des Google Glass de l'équipe de Stanford, la caméra de l'appareil permet d'enregistrer les actions et les expressions faciales de la personne avec qui vous en train de parler. La vidéo est ensuite analysée par l'application Autism Glass sur un appareil Android (Une version iPhone est à venir, mais pour le moment, seule la plateforme Google a été utilisée pour les tests).

L'IA de l'application lit les expressions en question et en donne une interprétation : heureux, intéressé, agacé, dégoûté, etc. Elle affiche ensuite l'emoji correspondant dans un coin de l'écran des lunettes, en haut à droite, afin de donner à l'utilisateur un indice sur l'état émotionnel de son interlocuteur.

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L'enregistrement vidéo est ensuite mis à la disposition des soignants et de la famille afin qu'ils puissent le commenter avec l'enfant par la suite.

Les emoji ont été sélectionnés à partir de leur popularité. Aaron Kline, ingénieur en mobilité au département des systèmes médicaux de Stanford, explique que l'apparition des emoji colorés a été programmée à partir des connaissances en biologie de la vision.

« Nous avons réfléchi à la lisibilité des signaux interprétables par un enfant autiste. Lorsque la couleur est perçue avant le texte, elle le rend peu compréhensible. Le mot « dégoûté » ne pourra pas être lu ni compris par certaines personnes, » explique Kline. « Un système de code couleur reposant sur des emojis expressifs fait davantage sens pour l'utilisateur. »

Kline a dirigé les démos Autism Glass lors du festival. La démonstration a immédiatement rassemblé une foule considérable, qui voulait voir et tester les lunettes. Kline craignait que cet intérêt pour le gadget n'éclipse l'étude californienne pilote réalisée sur 25 enfants affectés par les troubles du spectre autistique. Les enfants, dont le plus jeune a 4 ans (un âge idéal, puisque l'on sait que plus l'intervention thérapeutique est précoce, plus elle a des chances d'avoir un impact positif sur la vie de l'enfant) ont été entrainés à porter les lunettes, puis leurs progrès ont été étudiés attentivement.

« Chez tous les enfants avec qui nous avons travaillé, nous avons observé une affinité très nette pour les objets technologiques ; ils étaient extrêmement excités à l'idée de jouer avec un appareil nouveau, désireux d'essayer l'appareil mais aussi de le montrer aux autres, ce qui est très prometteur. »

Évidemment, porter les Autism Glass au sein du cercle familial et amical est une chose, le porter en public en est une autre. Si Google Glass n'a pas rencontré le succès espéré, c'est parce que les gens renâclaient à l'utiliser dans des lieux publics de peur d'avoir l'air de parfaits crétins, et surtout, parce que le fait de pouvoir faire des enregistrements vidéo d'autrui constituait une atteinte à la vie privée. Kline note que cette attitude change lentement et sûrement au fur et à mesure que des objets similaires sont introduits sur le marché.

L'équipe d'Autism Glass envisage d'adapter sa technologie à des lunettes de vue plus conventionnelles ou à des lentilles de contact afin de faciliter son adoption. Elle testera également une interface basée exclusivement sur le signal audio. Pour le moment, le système continuera d'être développé pour Google Glass, d'autant plus que l'équipe espère des dons de la part de Google.

Autism Glass n'est pas près d'être commercialisé, ni d'être remboursé par la Sécurité sociale. Cependant, les premiers essais cliniques sont très encourageants, et des études de plus grande ampleur devraient bientôt leur succéder.