Depuis 2015, le Yémen se meurt dans un conflit silencieux. Aden, capitale historique du sud du pays, n'échappe pas aux affres de la guerre : des attentats qui défigurent ses murs et des journées qui se terminent dans les crépitements menaçants des combats armés. Mais au cœur de ce port désœuvré – pourtant le deuxième au monde dans les années 50 – et accroché depuis l'Antiquité à son cratère, les Yéménites ont un secret : le khât, véritable pierre angulaire des relations sociales. Tous les jours, à l’heure où la lourde moiteur péninsulaire retombe, bercés par des bourrasques de brise marine, les hommes se retrouvent et mâchouillent des bouquets de petites feuilles sédatives tout en regardant le soleil se coucher sur la baie.
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Le khât soulage les Yéménites de la fatigue et de la faim et leur permet d'oublier, un temps, un quotidien morose, sans grande perspective. Il permet l'échange et la communication et contribue à rapprocher les hommes. Seuls ou entre amis, militaires et fonctionnaires, étudiants et commerçants, tous s’assoient avec les badauds. Le long d’un mur, sur un tapis posé à même le bitume d’un parking, les pieds dans le sable et les yeux rivés sur le golfe d’Aden, vautrés dans des canapés crevés ou allongés dans des salons chichement décorés de coussins d’or, on continue de mâcher cette petite branche au coin de la lippe.Les photos ci-dessous :
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