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Ségolène Royal veut refourguer la centrale de Fessenheim à Tesla

Ça tombe bien: le patron de Tesla veut ouvrir une nouvelle usine en Europe.
Image : Wikipédia.

La procédure de fermeture de Fessenheim, la plus vieille des centrales nucléaires françaises, devrait débuter cette année. Et Ségolène Royal, la ministre de l'Environnement, a un plan pour donner une seconde vie au site alsacien, dont dépendent environ 2000 emplois. Elle veut convaincre Elon Musk, le PDG du constructeur de voitures et de batteries électriques Tesla, d'y installer l'une des ses usines.

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La ministre a raconté hier lors d'une conférence de presse qu'elle avait elle-même proposé le site de Fessenheim à l'entrepreneur sud-africain, qui a manifesté sa volonté d'ouvrir une nouvelle usine en Europe, et hésiterait entre la France et l'Allemagne. "Je lui ai dit: J'ai un endroit pour vous, Fessenheim. Il n'a pas dit non", assure Ségolène Royal, qui doit rencontrer des dirigeants de Tesla dans un dizaine de jours.

Ce n'est pas la première fois qu'un projet d'usine Tesla en Alsace est évoqué, et on pourrait presque dire que l'idée vient d'Elon Musk. Fin janvier, il est en France et participe à une séance de questions-réponses dans la concession Tesla de Chambourcy (Yvelines), filmée et mise en ligne par le site automobile-propre.com. Un participant lui demande s'il compte produire des véhicules en France. Il explique alors que Tesla a besoin "d'installer une usine en Chine, et une usine en Europe. Nous avons une petite usine aux Pays-Bas, mais pour produire à grande échelle (des millions d'unités par an), il va nous falloir un terrain beaucoup plus grand et un accès à un large vivier d'employés." Il poursuit, sur le ton de la plaisanterie et en précisant qu'ils s'agit de "spéculation" : "J'essaie de satisfaire autant de pays européens que possible. Peut-être qu'on pourrait construire une usine en Alsace: c'est à moitié en France, à moitié en Allemagne. Ou quelque chose comme ça."

Fessenheim a déjà des concurrents pour l'installation de l'usine Tesla, car depuis ces déclarations d'Elon Musk, des Alsaciens se mobilisent pour faire venir l'entreprise californienne chez eux. Sur le site du quotidien régional L'Alsace, le président du conseil départemental du Haut-Rhin (où se trouve Fessenheim) estime qu'il faut d'abord ouvrir l'usine Tesla, puis négocier la fermeture de la centrale – ce qui devrait prendre plusieurs années. Il propose donc de construire l'usine à Nambsheim, une ville de son département qui disposerait de "200 hectares de terrains disponibles". Même chose dans le Bas-Rhin, l'autre département alsacien. Toujours d'après L'Alsace, le président du conseil départemental du Bas-Rhin Frédéric Bierry et le maire de Mulhouse Jean Rottner ont demandé à rencontrer Elon Musk. Pour le convaincre d'accepter, ils ont accompagné leur requête de deux cadeaux : un bouchon de radiateur d'une Bugatti, afin de rappeler que l'Alsace abrite déjà des fleurons de l'automobile; et un nom de domaine Internet évocateur, tesla.alsace, déposé par la Région. L'agence de communication strasbourgeoise Blackblitz a même mis en ligne en mars un clip intitulé "Alsace is ready for Tesla".

Elon Musk doit certainement apprécier cet emballement, et la compétition entre différents territoires en France, mais aussi ailleurs en Europe, pour accueillir son usine. Aux Etats-Unis, il a déclenché une surenchère de rabais fiscaux entre plusieurs Etats en concurrence pour abriter une nouvelle usine Tesla, attirés par la potentielle création de milliers d'emplois. C'est finalement le Nevada qui a trouvé les faveurs d'Elon Musk, en lui offrant notamment des exemptions de TVA pendant 20 ans et d'impôts fonciers pendant 10 ans, pour un coût total estimé à 1,3 milliards de dollars.