FYI.

This story is over 5 years old.

Tech

Un adolescent a converti des versets de la Bible et du Coran en ADN, et se l’est injecté

« Si c’était si dangereux, je n’aurais pas pu acheter le matériel sur internet.»
Un adolescent a converti des versets de la Bible et du Coran en ADN, et se l’est injecté
Image: Shutterstock; Composition: Motherboard

L’article original a été publié sur Motherboard.

Adrien Locatelli, 16 ans, de Grenoble en France, affirme avoir conçu des brins d’ADN qui correspondent à des versets de la Bible et du Coran. Non seulement cela, mais il se serait en plus ensuite injecté l’ADN basé sur les versets de la Bible dans la cuisse gauche, et l’ADN basé sur les versets du Coran dans la cuisse droite.

« J’ai fait cette expérience juste comme symbole de la paix entre la religion et la science », m’a dit cet étudiant du secondaire par courriel. « C’est seulement symbolique. »

Publicité

Les protéines qu’il a créées sont de courts brins d’ADN, une macromolécule qui, très brièvement, se compose de nucléotides ne pouvant être combinés que de certaines façons. Des recherches précédentes ont montré que des nucléotides artificiels peuvent servir à stocker des données, comme la clé d’un portefeuille Bitcoin, mais on ne les avait encore jamais injectés à une personne.

L’étudiant explique qu’il a associé des lettres de l’alphabet hébreu à des nucléotides afin de produire un brin d’ADN correspondant aux premiers versets du Livre de la Genèse dans la Bible. Une technique semblable a servi à associer des lettres de l’alphabet arabe à des nucléotides pour convertir un bout du Coran en code génétique.

Il précise avoir utilisé ce que l’on appelle le virus adéno-associé de recombinaison (rAAV) pour intégrer son code génétique biblique à l’ADN d’un virus. L’ADN contenant le verset coranique a été injecté sous forme de protéine sans vecteur viral.

Locatelli n’a pas expliqué comment il avait cloné le gène en vecteur viral dans son article. Selon les reçus que VICE a pu consulter, il a acheté pour plus de 1300 $ US de E. coli et de virus AAV2 de Vector Builder.

Par ailleurs, il dit qu’il n’avait aucune expérience préalable en bio-ingénierie. « Je viens de faire un stage d’une semaine à l’Institut des hautes biosciences à Grenoble. Mon père est boulanger et ma mère est comptable. Mon père est d’accord [avec l’expérience], mais je n’en ai pas parlé à ma mère. »

Publicité

Dans l’article, il écrit que l’injection virale a causé une légère inflammation à sa cuisse gauche qui a duré quelques jours, alors que l’injection de protéines n’a eu aucun effet perceptible.

Pour plus d'articles comme celui-ci, inscrivez-vous à notre infolettre.

Des chercheurs en bio-ingénierie n’ont pas été enchantés par son expérience. Sri Kosuri, biochimiste à UCLA et pionnier de l’utilisation d’ADN à des fins de stockage de données, a écrit sur Twitter qu’il avait été informé de la tentative de Locatelli par hasard : Google Scholar l’a « malheureusement » alerté qu’il avait été cité dans l’article.

« Il est plus que temps que 2018 finisse », a ajouté Kosuri. « Faire des expériences sur des humains ou des animaux comporte des risques, m’a-t-il expliqué par courriel. On doit absolument considérer l’éthique dans nos expériences. »

Mais Adrien Locatelli défend son geste. « Je pense que, quand les gens ne comprennent pas une chose, ils en ont peur, a-t-il observé. La bio-ingénierie est une chose merveilleuse. Je n’ai rien fait de dangereux. Si c’était si dangereux, je n’aurais pas pu acheter le matériel sur internet. On ne va pas interdire les couteaux juste parce qu’il est possible de se couper. »